SNC-Lavalin, actuellement sous enquête pour le versement irrégulier de dizaines de M$ pour des motifs mystérieux, vient de recevoir les grands honneurs de l’Institut canadien des comptables agréés (ICCA) pour l’excellence de ses pratiques en matière d’information financière.
Au cours d’une cérémonie qui se tenait à Toronto, mercredi, l’entreprise de Montréal s’est en effet méritée le Prix d’excellence du Concours des meilleurs rapports d’entreprise (Corporate Reporting Award), dans sa catégorie (industries diversifiées), la plus prestigieuse distinction au pays en matière d’information financière.
Cela, alors que l’entreprise de Montréal et certains de ses employés font l’objet d’une série d’allégations à propos de pratiques douteuses, ayant provoqué le départ surprise au printemps de son président et chef de la direction, Pierre Duhaime.
«L'attribution de ce prix à SNC-Lavalin est une honte. C'est absolument dégoutant», a réagi en apprenant la nouvelle un spécialiste des rapports de gouvernance, proche de l'ICCA, désireux de garder l'anonymat.
LesAffaires.com a tenté sans succès de parler aux président et directeur général de l’Institut canadien des comptables agréés. Visiblement mal à l'aise, le porte-parole de l’ICCA, Tobin Lambie, a rigoureusement défendu «l’intégrité du concours», ainsi que «l’objectivité», «l’expérience» et le «professionnalisme» de chacun des membres du jury.
D'abord la forme
Ces derniers «sont tous des professionnels d’expérience dans leur discipline respective (comptabilité, relation avec les investisseurs, analyse financière). Dans le cadre de leur fonction (membre du jury), ils ont affaires à des rapports vérifiés et se fient donc aux informations qu’ils contiennent, poursuit le porte-parole. (…) Ils ne sont pas en position d’évaluer la justesse de ces informations.»
M. Lambie précise par ailleurs que le jury a pris bonne note des informations nouvelles qui concernent SNC depuis le début d'année, et qu’une part d’entre-elles ont d’ailleurs été abordées dans son dernier rapport annuel, ce que le jury a semblé apprécier.
«Mais, ajoute-t-il, ce concours voit d’abord à ce que l’information contenue dans les rapports soit claire et facilement compréhensible pour le public. Les membres du jury s’attendent à ce que l’information contenue soit précise mais leur attention porte d’abord sur la présentation et l’emballage des données. »
La firme d’ingénierie montréalaise a remporté ce prix à sept reprises au cours des dix dernières années.
Questionné à ce propos, Michel Nadeau, le président de L'institut de la gouvernance du Québec se réjouit pour SNC de la réception d'un tel prix. «Mais le fait de bien communiqué les informations financières, ne veut pas dire poue autant que tout le travail est fait et qu'une entreprise est un bon ciotoyen corporatif.»
C'est toute la différence la gouvernance fiduciaire et la gouvernance créatrice de valeurs, celle qui pose des questions, qui s'assure que les principes établis sont respectés, que les pratiques d'une entreprise respecte les plus hauts critères d'éthique et de déontotlogie auquels ont peut s'attendre.
Nuage de controverses
SNC-Lavalin a été fortement ébranlée à l'hiver 2012 lorsqu'un examen a révélé que deux contrats totalisant des commissions de 56M$ avaient été mal déclarés et qu'ils ont été attribués à des projets auxquels ils ne semblaient pas se rapporter. La compagnie avait affirmé que ces contrats ne concernaient pas la Libye.
Par la suite, SNC-Lavalin a congédié en février Riadh Ben Aïssa, un ancien vice-président directeur responsable du Maghreb en raison de son rôle dans des paiements suspects à des agents commerciaux. Ce dernier est aujourd'hui incarcéré en Suisse pour fraude et corruption en Afrique du Nord.
Dans la foulée, le président Pierre Duhaime a été relevé de ses fonctions à la fin du mois de mars (avec «arrangement de départ» de 4,9M$) dans un nuage de controverse pour contravention au code de déontologie de l'entreprise. Sur un des deux contrats, a révélé l'examen indépendant, M. Duhaime aurait autorisé le paiement après que deux subalternes eurent refusé de le faire.
Enquête policière
La Gendarmerie royale du Canada a ouvert une enquête et a effectué des perquisitions au siège de SNC-Lavalin en avril dernier.
Deux recours collectifs ont également été déposés par des investisseurs contre SNC-Lavalin dans cette affaire.
Depuis un an, l’action de SNC-Lavalin a reculé de 6,98$ ou 14,53% à la Bourse de Toronto. Peu après 13h30, ce vendredi 23 novembre, son titre se négociait à 41,79$, en hausse de 0,74$ ou d’1,80%.
SUIVRE SUR TWITTER: Martin Jolicoeur