L'opposition à la fusion des entreprises qui exploitent la Bourse de Toronto et celle de Londres prend de l'ampleur, alors que des particuliers et les plus grandes banques du pays commencent à faire connaître leurs opinions.
L'investisseur canadien Stephen Jarislowsky, qui a mené la charge contre le projet de prise de contrôle de PotashCorp par BHP Billiton, affirme que la fusion du Groupe TMX et du London Stock Exchange Group donnera lieu à un exode de sièges sociaux et de cerveaux canadiens vers le Royaume-Uni, en plus de faire perdre des emplois.
"Où croyez-vous que se trouveront les grandes sociétés d'investissement? Elles ne seront pas au Canada, elles seront à Londres", a-t-il dit, expliquant s'attendre à ce que les sièges d'entreprises déménagent à Londres parce qu'il s'agit d'un marché de plus grande importance.
"Cela ne fait-il pas perdre une énorme quantité de revenus fiscaux? Cela ne veut-il pas dire que nous éduquons des gens pour d'autres pays _ pour qu'ils quittent (le Canada) parce qu'il n'y a plus d'opportunités ici?"
M. Jarislowsky a dit croire que le projet de fusion entre le Groupe TMX et le London Stock Exchange Group mènerait à l'acquisition d'une autre institution canadienne par des intérêts étrangers.
L'investisseur a tenu ces propos à la suite de la publication, mercredi, d'informations selon lesquelles la Banque TD (TSX:TD), la Banque CIBC (TSX:CIBC), la Banque Nationale (TSX:NA) et la Banque Scotia (TSX:BNS) se préparent à signer une lettre publique pour faire savoir que le Canada risque de perdre son influence en tant que centre financier si la fusion va de l'avant.
La Banque Royale (TSX:RY) et la Banque de Montréal (TSX:BMO) ne feraient pas partie du groupe parce qu'elles conseillent les parties impliquées dans le projet de fusion.
Selon des analystes, la publication de cette missive pourrait faire dérailler la transaction présentée comme "une alliance entre égaux", mais perçue par plusieurs comme une prise de contrôle du Groupe TSX par son partenaire britannique.
Tom Caldwell, de la firme Caldwell Securities, estime que les réticences des banques pourraient convaincre les régulateurs et les politiciens de bloquer la transaction.
Des politiciens en Ontario et au Québec ont déjà dit craindre que les principaux marchés financiers canadiens se retrouvent au sein d'un groupe international ayant son siège à Londres et Toronto.
Le ministre des Finances de l'Ontario, Dwight Duncan, a dit avoir rencontré les dirigeants de certaines des grandes banques canadiennes au sujet de la fusion.
"Il y a un nombre de personnes de Bay Street qui m'ont fait part de leurs préoccupations au sujet de cette entente, et je suis content qu'ils prennent la parole", a-t-il affirmé à la législature ontarienne, mercredi.
L'entente entre le Groupe TMX et le London Stock Exchange Group doit recevoir l'approbation d'un certain nombre d'organismes de réglementation provinciaux et du gouvernement fédéral, en vertu de la Loi sur Investissement Canada.