L’acquisition imminente de Gestion de portefeuille Natcan par Fiera Sceptre s’inscrit dans un contexte où les deux gestionnaires cherchent à croître. Alors que Natcan parvient difficilement à croître à l’extérieur de la Banque Nationale, Fiera Sceptre souhaite poursuivre son expansion.
La société de Jean-Guy Desjardins veut ainsi prendre de l’expansion tout en diversifiant son offre, tandis que la Nationale veut augmenter sa présence sur le marché institutionnel.
« Une transaction avec Fiera Sceptre lui donnerait accès à un réseau pan canadien », explique un analyste.
« La transaction a du sens, ajoute un autre observateur du dossier : Fiera ajoute des actifs et des activités, et la Banque Nationale a la réputation d’être un bon fiduciaire, qui pourrait profiter à Fiera, qui en retour procurerait des mandats institutionnels à Natcan ».
Dans un contexte où les promoteurs de régimes de retraite, de gros utilisateurs des services de placement, veulent diversifier leurs portefeuille avec des placements alternatifs comme chez Natcan, dont une majorité d’actifs proviennent de la Banque Nationale, une participation dans Fiera Sceptre comporte des avantages. Pour les deux parties.
Fiera Sceptre, qui a récemment lancé des obligations d’infrastructures avec sa filiale Fiera Axum, pourrait bénéficier du fait que « les banques financent les infrastructures en partie, soutient une de nos sources. Ce serait la suite logique de l’incursion de Fiera dans les infrastructures ». Par ailleurs, la Nationale s’est positionnée comme un joueur de premier plan dans le marché des produits alternatifs, avec les produits Innocap. La Banque Nationale aurait également une participation dans un gestionnaire spécialisé dans les infrastructures.
En outre, Natcan est réputé pour sa gestion des petites capitalisations et la gestion privée (pour le compte de la banque privée 1859 notamment), deux secteurs où Fiera bénéficierait de l’intégration de Natcan à ses activités. Avec 5 % de ses activités en gestion privée, Fiera Sceptre élargirait donc son offre en y ajoutant les mandats de la Banque Nationale.
« Et les fonds communs de Banque Nationale [susceptibles de provoquer des retombées pour Fiera] sont un bon incitatifs à s’allier avec Natcan », ajoute un analyste.
La grande inconnue relativement à cette annonce est la position du Mouvement Desjardins. Propriétaire de 29,5 % des droits de vote en circulation de Fiera Sceptre, l’arrivée de la Banque Nationale au capital de Fiera Sceptre aurait fait l’objet d’âpres négociations.
Avec 25 G$ d’actifs, le gestionnaire détenu à 100 % par la Banque Nationale vendrait ses activités de gestion de portefeuille à Fiera Sceptre, et obtiendrait en outre une participation minoritaire dans l’entreprise mise sur pied par Jean-Guy Desjardins en 2003.
Avec quelque 30 G$ d’actifs sous gestion, Fiera Sceptre doublerait ainsi sa taille.
Il n’a pas été possible de confirmer les détails de la transaction auprès des parties impliquées. Le porte-parole de la Banque nationale, Claude Breton, écrit dans un courriel n’avoir « aucun commentaire ». Même son de cloche du côté d’André Chapleau, porte-parole de du Mouvement Desjardins. Fiera Sceptre n’a pas répondu à nos demandes de commentaires.