Bank of America est repassé dans le vert et a dépassé les attentes de Wall Street au deuxième trimestre grâce à une nette embellie dans sa division de prêts immobiliers, alors qu'elle avait enregistré une lourde perte un an plus tôt à cause des litiges dans cette activité.
La deuxième banque américaine en termes d'actifs a dégagé un bénéfice net part du groupe de 2,1 milliards de dollars entre avril et juin, contre une perte de 9,1 milliards de dollars un an auparavant en raison d'une charge exceptionnelle liée à des provisions pour règlements de litiges sur les prêts hypothécaires.
Par action, le bénéfice ressort à 19 cents par action alors que les analystes tablaient sur 14 cents.
Cette embellie a été partiellement éclipsée par un recul des recettes liées aux crédits, à cause de taux d'intérêt qui restent bas et de volumes de prêts plus faibles, a ajouté BofA.
L'action chutait toutefois de 4,36% à 7,57 dollars en toute fin de séance, les investisseurs s'inquiétant d'une augmentation des demandes de rachats de produits financiers adossés à des prêts hypothécaires annoncés par les dirigeants du groupe lors d'une conférence d'analystes.
Les demandes de remboursement de ces produits financiers de la part d'investisseurs qui affirment avoir été dupés par une offre présentant des irrégularités par Bofa et sa filiale Countrywide, ont augmenté de plus de six milliards de dollars au second trimestre seul, dénotant une accélération qui a effrayé les investisseurs.
Les banques sont tenues de racheter de tels prêts si des irrégularités dans l'offre sont avérées.
Un porte-parole joint par l'AFP, Jerry Dubrowski, a toutefois relativisé ces chiffres, affirmant que le montant total des demandes de remboursement actuel, 22,7 milliards de dollars, était le "nominal" des prêts en question et qu'ils disposaient de collatéraux, à savoir les biens immobiliers sur lesquels ils sont adossés. En outre, il a fait valoir que les accords à l'amiable dans de tels cas portaient en général sur des montant correspondant à 10% du nominal.
Par conséquent, "nous n'avons pas modifié nos prévisions de pertes liées aux crédits" immobiliers a-t-il insisté.
Gregori Volokhine, directeur de la maison de gestion Meeschaert New York, a noté que les investisseurs s'inquiétaient de l'accélération de ces pertes et de leur montant total mais il a estimé que les résultats bancaires dénotaient en général un "assainissement", y compris pour Bofa qui a consolidé ses capitaux.
Le patron de la banque Brian Moynihan a cependant prévenu que les provisions augmenteraient dans les mois à venir, ce qui devrait peser sur les comptes du groupe.
Le chiffre d'affaires a bondi de 66% sur un an, à 22,0 milliards de dollars grâce à la division immobilier mais il est ressorti nettement en deçà des attentes (22,9 milliards) et a baissé dans toutes les divisions du groupe hors immobilier.
L'activité de prêts immobiliers a très fortement réduit ses pertes au second trimestre à 768 millions de dollars contre 14,5 milliards un an plus tôt, à cause de sorties de réserves.
Lors d'une conférence d'analystes, Brian Moynihan a souligné qu'une "reprise des fusions et acquisitions avait été plus qu'éclipsée par la baisse des émissions d'actions".
Au 30 juin, le ratio de Tier one common de Bank of America (Bofa), qui mesure la solvabilité de la banque, s'élevait à 8,10% selon les critères de Bâle 3 contre moins de 8% pour ses concurrentes Citigroup et Goldman Sachs.
Evoquant le scandale des manipulations du Libor qui secoue le monde bancaire, Bofa, qui fait partie des banques participant à la fixation de ce taux interbancaire, a admis "être l'objet d'enquêtes de régulateurs américains et étrangers et y coopérer". En outre la banque est visée par des poursuites en justice liées au Libor.
Bofa a précisé que son exposition à la Grèce, l'Italie, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne se situait à 9,6 milliards de dollars, contre 16,7 milliards un an plus tôt.
Les effectifs de la banque ont reculé de 8% sur un an, à quelque 233 000 personnes.