Quand le S&P/TSX chutait de 43% par rapport à son pic de juillet, les financières canadiennes, mieux capitalisées que leurs consœurs américaines et européennes, ne sont tombées que de 35% par rapport à leur sommet.
Pourront-elles rééditer cet écart de performance ? Pas si sûr. Cela se voit à l’intensité du rebond. Les financières canadiennes n’ont repris que 13% en moyenne, contre une hausse de plus de 18% pour l’indice de la Bourse de Toronto.
Les analystes pensent que le marché a raison. «Nous ne voyons pas de catalyseur significatif dans le court terme», écrit John Aiken, analyste chez Dundee Capital Markets. Et avant même la détérioration de la crise financière, Ian de Verteuil, analyste à la BMO, prévenait que le secteur était «du mauvais côté du pic cyclique de croissance».
Si les banques canadiennes sont désormais vulnérables, ce n’est pas en raison d’une quelconque faiblesse de leur bilan, mais en raison de l’impact du ralentissement économique sur leurs activités.
La récession amputera les bénéfices des banques de 5% estimait Ian de Verteuil (prévision établie avant le krach d’octobre). Pour John Aiken, qui écrit au 28 octobre, il faut tabler sur une baisse de 8% des bénéfices.
Des menaces de toutes parts
Le majeure partie des bénéfices, soit 45%, provient de la différence entre les taux sur les prêts et les taux sur les dépôts. Cette marge se contracte car, suite aux hausses du Libor et du Ted spread, les coûts de financement des banques canadiennes ont aussi grimpé.
« Même si ces taux sont en repli depuis peu, les dégâts ont été faits et seront visibles dans les résultats du quatrième trimestre», dit John Aiken.
De plus, la croissance du volume des prêts s’est ralentie, assombrissant les perspectives de revenus d’intérêts futurs.
Dans les activités de marché, les bénéfices, qui représentaient autrefois une moyenne de 10% des profits des banques, ont «quasiment disparu », dit John Aiken. «Les investisseurs réfléchissent à deux fois avant d’investir ou délaissent le secteur tout de bon. De plus, on n’a quasiment pas vu de grand projet de financement pour des fusions ou acquisitions», explique John Aiken.
Pertes sur créances
Il faut aussi compter avec une hausse des pertes sur les créances en raison du ralentissement économique qui amènera plusieurs clients vers l’insolvabilité. Ian de Verteuil a relevé ses estimations de pertes sur créances de 6,2 milliards à 7,4 milliards en 2009.
En contrepartie, ce qui soutiendra les bénéfices des financières sera l’assiduité des dirigeants à contenir les coûts. «Une partie de ces coûts sont variables, notamment dans le secteur des marchés, on peut s’attendre à ce que les banques maintiennent leurs ratios de dépenses. Mais la partie sera loin d’être facile», pense Ian de Verteuil.
Dans ce contexte, la performance supérieure des titres des financières est loin d’être établie. Pour Ian de Verteuil, analyste à la BMO, les banques colleront au marché.
Pourtant, dans ce marasme, un titre sort du lot. Ian de Verteuil recommande l’achat de la CIBC dont le cours de bourse s’est déprécié trop part rapport à sa valeur intrinsèque. Il lui accorde une cible à un an de 54,66 dollars.
Quant à John Aiken, sa meilleure recommandation est de garder certains titres, mais il recommande de vendre la BMO, la Banque Scotia, la Banque Royale et la Banque Laurentienne.