Banquière, financière, philanthrope, conférencière... Stéphanie Castagnier n'est âgée que de 34 ans, mais a déjà un parcours professionnel d'enfer. Celle qui a grandi dans une famille pauvre et dysfonctionnelle de Montréal a fait sa marque à Chicago et a gagné son premier million avant 30 ans.
Quand la récession de 2008 a frappé son entreprise, le Hudson Financial Group, cette diplômée de McGill a décidé de tenter sa chance à The Apprentice. Pour la 10e édition de son émission, Donald Trump cherchait des candidats inconnus qui avaient souffert de la récession. Ainsi est-elle devenue la première Canadienne à participer à l'émission.
" Virée " par le magnat de l'immobilier après quelques épisodes, la jeune femme croit toujours qu'elle aurait dû gagner. Depuis, elle a repris les commandes de son entreprise en plus de faire de la consultation pour des banques.
Les Affaires - Vous avez été choisie parmi 25 000 candidats. Pourquoi ?
Stéphanie Castagnier - En raison de ma personnalité : je suis passionnée et charismatique. Plusieurs des candidats se qualifiaient grâce à leur CV, mais ils ne performaient pas lors des entrevues. La sélection était notamment basée sur une série de débats en économie et en politique. Je me suis retrouvée avec un gars qui se disait le meilleur parce qu'il sortait d'Harvard. La discussion s'est enflammée et, passionnée comme je suis, je lui ai lancé : " Ton bout de papier de Harvard, ça ne veut rien dire ! " Donald Trump a alors demandé qui j'étais. Ça s'est joué là.
L.A. - Vous avez hérité du surnom Head Bitch in Charge en raison de votre tempérament passionné, comme vous dites, et de votre assurance. Est-ce que ces qualités sont essentielles pour réussir en affaires ?
S.C. - Certainement. Il faut être dur, coriace et fonceur, car dans le milieu bancaire, il n'y a que des hommes. Les femmes y occupent des postes subalternes; alors, si on veut avancer, on n'a pas le choix, on doit avoir ce genre de tempérament.
Bien sûr, ça passe moins bien chez une femme. À l'émission, j'étais une femme qui prenait des décisions, n'avait peur de rien et ordonnait à l'occasion aux autres de se taire... J'ai été qualifiée de bitch. Avec la même attitude, un gars serait passé pour un gagnant.
L.A. - C'est lors de la présentation d'une campagne de pub que vous avez été renvoyée. Que s'est-il passé ?
S.C. - Il fallait faire une campagne pour AT & T et je faisais équipe avec Lisa, une femme incapable de faire grand chose [les échanges entre les deux femmes durant l'émission ont été épiques]. J'étais frustrée et je lui ai dit : " Dégage, va attendre en bas dans l'auto... " Mais j'étais ultimement responsable de cette campagne. Aujourd'hui encore, je crois que ça a été une erreur et que je n'aurais jamais dû être renvoyée. J'étais la plus qualifiée en affaires et j'aurais dû gagner.
L.A. - Est-ce que ça se passe parfois comme ça dans les affaires ?
S.C. - Oui, certainement. Je le répète : c'est un milieu d'hommes, et plusieurs sont intimidés par les femmes qui prennent leur place. Cela dit, je suis de retour à Chicago encore plus inspirée et motivée qu'avant.
L.A. - Qu'est-ce que votre passage à The Apprentice vous a apporté ?
S.C. - J'ai gagné en popularité et mon entreprise a doublé son chiffre d'affaires ! Les gens m'ont trouvée raide, mais quand on négocie un prêt de 10 millions de dollars, ça prend ça. Ma réputation, c'est que je ne niaise pas, je fonce, et ça a été très bon pour moi !
L.A. - Pourquoi Donald Trump vous fascine-t-il ?
S.G. - C'est un génie du marketing. Il a créé une marque reconnue partout dans le monde et la Trump Tour en est le phare. Il me fascine et je voulais apprendre de lui. C'est pour ça que j'ai participé à The Apprentice. Car j'ai l'intention de faire la même chose que lui : je veux bâtir un empire dans l'immobilier et les médias.