Avec sa nouvelle société, Jonathan Goodman, président et chef de la direction de Thérapeutique Knight, entend poursuivre la tradition familiale de bâtir des pharmaceutiques montréalaises à succès. Son père, Morris Goodman, est le cofondateur de Pharmascience, de 1 300 employés, le troisième fabricant en importance de médicaments génériques au pays. Quant à lui, il en est à sa deuxième pharma. Il a récemment vendu la première, Laboratoires Paladin, pour 3,2 milliards de dollars.
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La conclusion de la transaction, qui a mené à l'acquisition de Paladin par l'américaine Endo Health Solutions, a eu lieu le 28 février 2014. Le jour même, Thérapeutique Knight entrait en Bourse. Jonathan Goodman aurait pu se la couler douce, car il a empoché 1 G$, avant impôts, avec la vente du tiers des actions de Paladin qu'il détenait avec sa famille. Mais il a préféré replonger. «Je suis né pour vendre des médicaments ! Quand j'étais enfant, ce n'était pas des magazines de sports, mais plutôt de pharmacologie et de médecine qui traînaient sur la table du salon.»
En 1996, à 26 ans, au lieu de se joindre à son père et à son frère chez Pharmascience, il a lancé Paladin. «Je les aime, mais je ne me voyais pas travailler avec eux. J'ai besoin d'avoir le contrôle.»
La force du travail
Au sujet de Paladin, Jonathan Goodman a adopté un modèle d'entreprise qui consiste à acquérir des droits de distribution de médicaments pour le Canada et d'autres petits marchés. Une recette gagnante, puisqu'en 18 ans, les revenus ont augmenté à une cadence soutenue et que le cours de l'action est passé de 1,50 à 142 $.
L'entrepreneur de 47 ans veut répéter le même succès avec Knight. D'ailleurs, les noms des deux entreprises ont la même signification (chevalier), leurs logos ont une parenté évidente et leurs modèles d'entreprise sont quasi identiques.
«Pourquoi changer une formule gagnante ? lance Jeffrey Kadanoff, directeur des services financiers de Knight. Une pharma américaine fait plus d'argent en Californie que dans tout le Canada. Pour vendre elle-même ses produits ici, elle devrait obtenir les autorisations de Santé Canada, puis les commercialiser dans dix provinces et deux langues. Mieux vaut qu'elle nous confie ce travail et qu'elle se concentre sur la Californie !»
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À l'exemple de Paladin, Jonathan Goodman n'a pas l'intention d'acquérir des licences pour le marché américain. «Trop de compagnies canadiennes le font et en reviennent avec moins d'argent. Nous préférons vendre des médicaments là où personne ne veut aller parce que c'est trop loin, trop petit, trop compliqué, comme l'Afrique du Sud ou la Russie.»
Contrairement à Paladin toutefois, Knight investit dans des fonds de capital de risque. En quelques mois, l'entreprise de 12 employés a misé 110 millions de dollars dans cinq fonds, dont la québécoise Teralys, et elle investira encore 20 M$ cette année. «Cette stratégie nous positionne pour obtenir des licences de médicaments», signale Amal Khouri, vice-présidente, développement d'affaires.
Un départ canon
Knight, qui a amassé 255 M$ lors de ses trois premières semaines en Bourse, puis 100 M$ de plus quelques mois plus tard, détient déjà cinq produits dans son portefeuille. Parmi eux figurent ATryn, un médicament pour prévenir les thromboses chez les femmes atteintes d'un certain déficit héréditaire, et Impavido (leishmaniose). Elle a aussi accordé des prêts garantis à quatre entreprises, dont Synergy Strips, qui commercialise un supplément pour la santé du cerveau, en plus d'acquérir la torontoise NeurAxon.
«Nous regardons actuellement plus de 80 occasions d'investissement, dont une douzaine plus sérieusement», dit Amal Khouri.
«Cela peut prendre des années avant de porter ses fruits, mais Knight est une entreprise pour mes petits-enfants, dit Jonathan Goodman qui a trois enfants, âgés de 10 ans et moins. C'est le prochain Paladin.»
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