Les coffres bien remplis, Groupe Jean Coutu attend une occasion de mettre à profit ses liquidités. L’entreprise familiale de Longueuil espère qu’elle sera en mesure d’effectuer une acquisition très bientôt, a déclaré Jean Coutu, fondateur et président du conseil d’administration, lors de l’assemblée des actionnaires, mardi.
Libérée de dette, la société possède une encaisse de 185 M$. Elle détient une participation de 65 millions d’actions de l’entreprise américaine Rite Aid, ce qui représente une valeur d’environ 190M$. Elle peut aussi compter sur un flux de trésorerie annuel « stable et en croissance » de 130 M$ après le versement de 70 M$ en dividende.
«Il n’y a rien de mal à mettre des sous de côté», répond Jean Coutu à une question Lucien Gauthier, un actionnaire. «Je crois qu’il y aura des occasions d’affaires très bientôt. Pour nous, ce sera une avenue pour augmenter de beaucoup la qualité de nos actions.»
Lisez la chronique de François Pouliot Quel est le plan de match de Jean Coutu?
L’entreprise mènera son expansion dans le domaine de la santé, a précisé Jean Coutu, en marge de l’assemblée. L’entrepreneur admet qu’il est difficile de trouver des occasions à bon prix dans la fabrication de médicaments génériques. Selon lui, la réglementation provinciale en vue d’abaisser le prix des médicaments génériques a déprécié la valeur des cibles d’acquisitions potentielles. « Il y a des entreprises au Canada qui sont prêtes à se mettre en vente, mais elles veulent le faire au prix d’autrefois», explique-t-il.
Groupe Jean Coutu cherche d’autres occasions de se diversifier dans d’autres segments de la santé. Son fondateur a donné l’exemple de l’acquisition de la moitié des actions du Groupe Médicus, une entreprise spécialisée dans les orthèses et prothèses, en décembre dernier.
M. Coutu n’a pas exclu un retour au sud de la frontière. Son entreprise avait été échaudée par les difficultés de ses établissements aux États-Unis vendus à Rite Aid en 2007 en échange d’une participation de 32% dans l’acquéreur américain. Groupe Jean Coutu, qui vend cette participation en plusieurs étapes, détient désormais 7,2% des actions.
Pour l’instant, l’absence d’une couverture de santé publique aux États-Unis est un frein, mais les choses pourraient changer en raison des réformes prévues par l’administration de Barack Obama. « Lorsqu’on regarde les membres du G8, les États-Unis sont les seuls qui n’ont pas un véritable système d’assurance maladie, déplore-t-il. Je crois que M. Obama fait son possible. J’espère que ça va se réaliser. À ce moment-là, on pourra penser à retourner aux États-Unis. »
Jean Coutu n’est pas à vendreLa direction a démenti qu’elle pourrait à son tour être la cible d’une acquisition. Des spéculations sur une prochaine acquisition de Metro ont alimenté la rumeur. L’épicier est à la recherche d’acquisitions après la vente de la moitié de sa participation dans Alimentation Couche-Tard au début de l’année. Des analystes ont identifié Jean Coutu comme une cible probable.
« Nous n’avons jamais manifesté le désir de vendre, commente François J. Coutu, le pdg et le fils du fondateur. On a tout ce qu’il faut en place pour maintenir la croissance. On veut transmettre l’expérience qu’on a acquise. »
François J. Coutu connaît le dirigeant de Metro, Eric La Flèche. « On œuvre dans le même marché alors c’est normal qu’on se parle, admet-il. On a même joué au golf ensemble – on est membre du même club de golf. Nos conversations sont demeurées professionnelles. »
La société a aussi profité de l’assemblée pour présenter son projet de déménagement à Varennes, annoncé en mai. Le coût du projet sera de 190 M$, mais il sera réduit par la vente des 4 édifices existants à Longueuil, qui pourrait rapporter « plusieurs dizaines de millions ». M. Coutu a promis qu’il n’y aura pas de mises à pied. L’accroissement de la productivité permettra à l’entreprise de produire davantage, mais avec le même nombre de travailleurs, assure-t-il.
Français
L’assemblée des actionnaires s’est déroulée dans un relatif calme. Seul moment de friction, Normand Nadeau, un actionnaire mécontent, est intervenu pour dénoncer qu’André Belzile, le chef de la direction financière, ait tenté de présenter les résultats financiers uniquement en anglais. Il a demandé un vote pour forcer M Belzile à s’exprimer en français.
Plutôt que de passer au vote, la direction a trouvé un compromis avec l’actionnaire défenseur de la langue de Molière. M. Belzile a fait son allocution dans les deux langues en commençant par le français. Tout le reste de la présentation s’est déroulé en français. À la fin de l’assemblée, Jean Coutu a déclaré qu’il avait pris bonne note des critiques de M. Nadeau, mais que ce compromis sera répété l’an prochain.
Jean Coutu répond aux attentes malgré l'impact des génériques