La biopharmaceutique montréalaise ProMetic, propriétaire d'une technologie qui permet de purifier le sang et de dériver des protéines du plasma, vient de réaliser son rêve : fabriquer et commercialiser elle-même des produits thérapeutiques issus de sa technologie.
ProMetic a en effet signé une entente avec l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) pour prendre possession, à des termes avantageux, d'une usine de vaccins qui avait été mise en place et exploitée sur le campus de l'INRS par GlaxoSmithKline, à la Cité de la Biotech de Laval.
" Bâtir nous-mêmes cette usine aurait nécessité trois ans de construction et de validation et coûté de 30 à 40 millions de dollars [M$], soit près de l'équivalent de notre valeur boursière, explique Pierre Laurin, président de ProMetic (Tor., PLI). Au lieu de cela, nous avons accès à une usine dotée d'installations modernes conformes aux règles de l'art, sans devoir dévaluer l'avoir de nos actionnaires. "
Pour ce faire, ProMetic a créé une filiale pour exploiter l'usine. Celle-ci sera financée par le secteur privé et des subventions de l'ordre de 7 M$. ProMetic détiendra la majorité des actions de cette filiale et déménagera, ce mois-ci, son siège social dans la partie administrative de l'usine.
Avis aux investisseurs intéressés par la protéomique
Grâce à l'usine et à sa technologie, ProMetic traitera annuellement 150 000 litres de plasma, dont la valeur commerciale pourrait excéder 100 M$, selon Pierre Laurin. Une fois prête, en 2012, l'usine créera des emplois hautement spécialisées pour atteindre progressivement un effectif de 75 employés vers 2014.
L'INRS a accepté de soutenir ce projet pour deux raisons. D'abord, parce qu'il génère des emplois, mais aussi parce qu'il forme le noyau d'un pôle en protéomique, auquel pourront se joindre ses chercheurs du campus et des investisseurs attirés par ce secteur.
L'usine lavalloise permettra à ProMetic de réaliser une intégration verticale. Elle pourra non seulement fabriquer des filtres pour purifier le sang, mais aussi des produits thérapeutiques issus de cette purification. Ces derniers seront utilisés notamment en hématologie, en oncologie et dans le traitement de maladies auto-immunitaires.
La biotech montréalaise investit dans une usine encore plus grande en Chine
Fondée en 1994, ProMetic a licencié sa technologie à des géants pharmaceutiques comme Pfizer. En 2007, elle a pénétré le marché des géants pharmaceutiques chinois.
Avec l'un d'eux, China National Biotech Group, qui fabrique 80 % des vaccins en Chine, les scientifiques de ProMetic ont conçu une usine qui aura quinze fois la capacité de celle qui sera ouverte à Laval. " Comme quoi, nul n'est prophète en son pays " dit le président de ProMetic, Pierre Laurin.
ProMetic possède déjà des installations de R-D en Angleterre, aux États-Unis et au Canada, et de fabrication au Royaume-Uni. Elle dirige notamment des activités de développement d'affaires aux États-Unis et en Asie.