En dépit des supressions d'emplois récemment annoncées par de grandes pharmaceutiques établies au Québec, Michelle Savoie, directrice générale de Montréal InVivo, reste optimiste quant aux perspectives du secteur.
Certes, les grosses pharmaceutiques établies au Québec connaissent une longue agonie depuis plusieurs années. Mais l'emploi progresse dans l'ensemble du secteur des sciences de la vie, qui regroupe les pharmaceutiques, les biotechnologiques, la recherche publique et les PME spécialisées, fait valoir la directrice de la grappe des sciences de la vie et des technologies de la santé du Montréal métropolitain.
La reprise du nombre d’emplois est observable depuis 2008, après les pertes connues entre 2000 et 2007, selon des données de Statistique Canada.
Dans un mois, un nouveau rapport de Statistique Canada très attendu apportera un éclairage sur la situation actuelle.
Même dans les grandes pharmas québécoises, Mme Savoie rappelle que le contexte n’est pas si sombre qu'il en a l’air. Par exemple, l’experte cite le cas de l'ancienne usine de Bristol Myers-Squibb, de Candiac, qui a été achetée par Uman Pharma. En 2007, le site de Candiac a perdu 115 postes, mais après le rachat, 65 emplois ont été créés. Uman compte aujourd'hui une centaine d'employés à Candiac, selon Mme Savoie.
Favorable aux acquisitions
Pour elle, le rachat d’entreprises québécoises par des concurrents étrangers n’est pas négatif. «La vente d’une entreprise assez avancée permet d’en tirer un prix de vente important, et donc d'obtenir des retombées importantes pour les investisseurs.»
Deux success story peuvent être symbolisées par les cas ViroChem et Resonant Medical. ViroChem a été vendue à Vertex en 2009. Celle-ci a préservé le mandat et les emplois existants. Elekta, qui a absorbé Resonant Medical, en mai 2010, a aussi maintenu les mandats et a même choisi Montréal pour en faire son centre mondial de recherche. Finalement, le secteur des sciences de la vie apparaît comme « une véritable pépinière », soutient Mme Savoie.
Mme Savoie rappelle que ce qui se produit au Québec est juste « le reflet de la situation mondiale ». Le secteur connaît de plus en plus d’externalisation de la recherche. Seuls les effectifs de promotion des ventes échappent à cette tendance.
Selon la grappe, le sous secteur des soins de santé personnalisés est porteur. Le gouvernement du Québec investira 20 millions pour stimuler ce secteur, auxquels s’ajoutera un autre 20 millions provenant des firmes privées. Des entreprises comme Caprion, spécialisée dans la découverte de biomarqueurs, tirent leur épingle du jeu en misant sur la découverte de cibles thérapeutiques adaptées aux besoins des patients.
En ce qui a trait à à la fixation des prix des médicaments brevetés, Montréal InVivo rappelle qu'elle est encadrée très strictement par le CEPMB, le conseil d’examen du prix des médicaments brevetés. La grappe rappelle que le conseil est très sélectif dans sa classification. Par exemple, le 3TC de BioChem, un antiviral contre le sida, n’a pas obtenu la classification « amélioration significative » de la part du conseil.
Cela expliquerait pourquoi les études montrent qu’il n’y a pas d’avancées thérapeutiques significatives dans les nouveaux produits brevetés. « À terme, les progrès sont visibles pour la population. Le Sida est passé du statut de maladie mortelle à celui de maladie chronique. Les progrès sont donc importants. Idem pour le cancer. La mortalité féminine suite au cancer du sein est en baisse de 35% depuis 1986. La leucémie, le cancer des enfants, a chuté de 60%, selon le rapport Statistiques canadiennes sur le cancer de 2011 », affirme-t-el.
Michelle Savoie souligne que bien que les grosses suppressions d’emplois retiennent l’attention de l’industrie, le secteur aurait créé en 2010 environ 200 emplois (selon les dernières données disponibles). « Le problème provient du fait qu’il s’agit de 5, 10 voir 20 créations d’emplois par organisation, ce qui ne fait pas la une des journaux », soutient-elle.
Les quatre approches prioritaires de Montréal InVivo
1. Identifier, soutenir et promouvoir nos secteurs d’excellence
2. Favoriser un environnement d’affaires compétitif (propriété intellectuelle, intégration de l’innovation et crédits d’impots)
3. Maintenir le financement tout au long de la chaîne de développement de la production
4. Continuer à former la main d’œuvre et la relève