GenePoc, qui a mis au point un test diagnostic ayant le potentiel de révolutionner les systèmes de santé, déplore la frilosité des investisseurs québécois dans les biotechnologies médicales.
Mercredi matin à l’occasion du Forum de l’industrie de la santé de Québec, le Centre québécois de valorisation des biotechnologies a annoncé un appui financier de 250 000$ à la société de Québec, un investissement qui vient à point dans la traversée du désert.
«Le CQVB apporte de l’eau pour qu’on puisse se rendre au point d’eau suivant. J’aimerais qu’il y ait plus de CQVB, mais cette aide arrive au bon moment et nous permet de mieux appréhender les mois qui viennent», a illustré le président de GenePoc, Patrice Allibert.
La société, issue d’un transfert technologique de l’Université Laval, recherche du capital de risque ou un partenaire stratégique pour se rendre à l’étape de commercialisation de son test diagnostic, qui permet de détecter les agents infectieux en moins d’une heure, alors qu’il faut deux jours actuellement.
«Les capital-risqueurs que nous voyons au Québec sont frileux et investissent généralement dans les phases finales où le risque est tombé à zéro. Ce jour-là, pourtant, je n’ai plus besoin d’eux! Ça prend de l’expertise pour analyser les risques, en manque-t-il dans ce secteur? Les gouvernements poussent l’innovation, mais elle ne peux exister que si elle est soutenue», dit M. Allibert.
Dans les technologies médicales, il faut généralement une dizaine d’années pour amener un nouveau produit sur le marché. Dans le cas du test de GenePoc, entre l’invention et la phase de commercialisation, espérée pour la prochaine année, il aura fallu générer 30 M$ d’investissements.
«Notre coup de pouce financier permet de diminuer le risque pour d’autres investisseurs et rendre la société plus attractive. Elle fonce avec le ballon maintenant et nous, on donne beaucoup d’accompagnement. Nous ne sommes pas actionnaires, mais on essaie de poser les bonnes questions pour que l’entreprise soit bien préparée face au marché, à la production et à la règlementation», explique Richard Cloutier, président du CQVB.
Un test 50% moins cher
La nouvelle génération de test diagnostic développée au Centre de recherche en maladies infectieuses de l’Université Laval et transférée à GenePoc répond à des enjeux fondamentaux du système de santé: la diminution des coûts et la capacité de sauver des vies.
Le test de GenePoc coûte jusqu’à 50% moins cher que ceux disponibles actuellement. Surtout, ils permettent de détecter rapidement des maladies infectieuses comme la méningite, le VIH ou la grippe.
«Ne pas avoir de résultat rapidement quand tu souffres d’une septicémie, par exemple, peut entraîner la mort. Ça peut se passer en une journée alors s’il faut attendre deux jours pour obtenir un résultat, il est trop tard. Une heure après le prélèvement, nous pouvons obtenir un résultat qui permet une décision du clinicien», affirme M. Allibert, ajoutant que cela permet de prévenir la propagation de maladies.
Aussi, la détection rapide pourra éviter des traitements antibiotiques préventifs qui sont parfois inutiles et génèrent une résistance. Le test de GenePoc pourrait être administré en clinique ou même chez le pharmacien, ce qui réduirait aussi la congestion dans les urgences.
En mars dernier, Frost & Sullivan, cabinet conseil international en stratégie et innovation, a décerné à GenePoc le titre de la «North American Molecular Biology Entrepreneurial Company of the Year, séduite par le caractère novateur du test diagnostic.
«Ça ne nous amène pas encore des millions de dollars, mais ça génère un peu plus d’intérêt des investisseurs», a indiqué M. Allibert, contraint de chercher partenaires ou capital-risqueurs partout dans le monde à défaut d’en trouver suffisamment au Québec, d’autant que les yeux sont davantage tournés vers l’industrie pharmaceutique que vers les vaccins ou les tests diagnostics.
M. Allibert s’étonne de la difficulté à trouver du capital de risque pour une société innovatrice détenue majoritairement par le Dr. Michel Bergeron, qui a connu un succès important avec Infectio Diagnostic, rachetée en 2005 par la multinationale Becton Dickinson et qui embauche aujourd’hui 325 travailleurs à Québec.
Le Dr. Bergeron a mis au point les premiers tests de détection rapide des maladies infectieuses. La technologie de GenePoc les rends plus accessibles en ce sens qu’ils peuvent être lus par d’autres professionnels de la santé que les analystes de laboratoire.