Après le géant pharmaceutique Valeant en mai dernier, c’est au tour de la multinationale française Servier d’investir dans ses installations lavalloises et de créer des emplois en R-D.
Servier, principal laboratoire pharmaceutique indépendant français, investit 16,3 M$ dans un nouveau centre en recherche clinique sur les maladies cardiovasculaires, la cancérologie et la neuropsychiatrie. Ce nouveau complexe aura une superficie de 30000 pieds carrés.
L’investissement permettra de consolider 56 emplois en recherche et de créer 38 nouveaux postes de chercheurs et d’employés spécialisés en réglementation, en approbation de produits, en développement des affaires, en finances et en administration.
Les nouveaux collaborateurs s’ajouteront aux 161 salariés que compte présentement l’entreprise française au Québec. Dans le monde, Servier compte 22 000 employés dans 140 pays.
«Cet investissement répond à la volonté de Servier de renforcer ses activités au Québec», a expliqué à Les Affaires.com Frédéric Fasano, chef de la direction de Servier Canada.
Comme c’est le cas pour l’ensemble des pharmaceutiques, la direction mondiale de Servier a considéré de nombreux pays avant de réaliser cet investissement, dont la Chine où la main-d’oeuvre bon marché abonde.
La décision d’investir ici repose sur le fait que Servier Canada représente la quatrième filiale en importance du géant pharmaceutique français.
«Le choix repose également sur l’écosystème incroyable des sciences de la vie que l’on trouve au Québec», a expliqué M. Fasano, un Français d’origine qui s’est installé dans la province il y a deux ans.
Le recul important du secteur pharmaceutique et des biotechnologies québécois au cours des dernières années n’a pas fait obstacle à la décision de Servier d’investir dans la province.
«Nous avons pris acte de cette évolution, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain», dit M. Fasano, précisant que l’industrie québécoise des sciences de la vie compte encore de nombreux atouts, dont une main-d’oeuvre qualifiée en R-D et des incitatifs financiers favorisant la recherche.
Québec a d'ailleurs offert une subvention de 1M$ à Servier Canada pour la concrétisation de ce projet.
M. Fasano note que l’industrie pharmaceutique connaît aussi des cycles. Plusieurs multinationales ont peut-être connu une restructuration importante de leurs activités dans la province, mais elles reviennent sous d’autres formes en investissant par exemple dans des fonds de recherche.
L’importance de la R-D
La R-D est un élément important dans le modèle d’entreprise de Servier, a fait valoir M. Fasano.
Comme l’entreprise française n’est pas inscrite en Bourse, elle dit consacrer davantage d’argent à la R-D que la plupart des celles qui sont cotées.
En 2012, Servier Canada a investi 26,6 M$ en recherche au Canada, soit 12,8% de son chiffre d’affaires, contre 8% en moyenne pour les sociétés comparables, note M. Fasano.
Servier Canada prévoit présenter trois nouveaux produits innovants au cours des trois prochaines années aux autorités réglementaires canadiennes.
Elle espère obtenir l’approbation pour la molécule Ivabradine en 2014. Il s'agit d'un traitement qui vise à réguler le rythme cardiaque. Une des équipes de recherche du Québec a contribué à l’élaboration de ce médicament.