Pâte dentifrice, produits nettoyants et cockpit d'avion : la liste des produits dérivés des arbres n'en finit plus.
Depuis déjà de nombreuses années, un arbre n'est pas qu'un arbre dans l'industrie du papier. Tous les grands noms du domaine - Cascades, Domtar, Tembec - se sont convertis il y a longtemps aux principes de la chimie durable. C'est au milieu des années 1980 qu'on a lancé les premières recherches visant à rendre optimale l'utilisation des arbres et des déchets produits lors de la fabrication du papier. Grâce à la chimie, de nombreux composés sont extraits de matières auparavant inutilisées, puis incorporés dans plusieurs produits. Il y a un peu d'arbres dans les dentifrices, les savons, certains aliments comme le vinaigre, le béton, sans compter dans certaines applications militaires, par exemple les accélérants pour les explosifs.
Des sous-produits en hausse
Chez Tembec, ces différents produits valorisés ont représenté 5 % du chiffre d'affaires en 2009, selon le dernier exercice financier - soit environ 98 millions de dollars. Les ventes de certains de ces sous-produits sont en hausse. Des sucres provenant de l'arbre, la société tire de l'éthanol. Non seulement Tembec en fabrique davantage depuis les dernières années, mais le carburant se vend aussi plus cher.
On estime que l'utilisation d'un arbre est d'environ 98 %, dont la plus grosse part est destinée à la production de bois et de pâtes. Le travail des chimistes " est d'en maximiser l'utilisation ", note Randy Fournier, vice-président du groupe des produits chimiques chez Tembec. " Chaque unité de matériau a cessé d'être un déchet : il a désormais plus de valeur ", estime Randy Fournier. Le chimiste a connu les changements amenés dans la réutilisation et la valorisation de la biomasse. " Ces initiatives, dit-il, sont des décisions d'affaires très propres. La chimie verte représente un bon modèle d'affaires. "
Cette stratégie s'est avérée efficace sur plusieurs plans. Pour Martin Geet Éthier, auteur de Zéro Toxique, l'économie ne touche pas seulement la production des papetières. Elle fait également baisser les budgets de communication. Il note l'exemple de Cascades " qui a pu gagner la confiance du public " grâce à ses bonnes pratiques.
L'industrie, aujourd'hui, cherche à peaufiner ses méthodes. Par exemple, Tembec mise sur la filière des lignosulfonates, un sous-produit du bois utilisé dans la production de béton. Les lignosulfonates obtenus par les procédés actuels forme un magma comparable à de la soupe, souligne Randy Fournier. Il serait possible d'en multiplier les utilisation en décomposant les lignosulfonates.
Pour sa part, Domtar s'active à mettre au point une méthode permettant de renouveler la fabrication des pâtes kraft - une petite révolution dans le domaine, promet-on. Nouvelle technique qui pourrait mener, à une rentabilisation meilleure de la biomasse. Autre percée technologique annoncée chez Domtar : une équipe de scientifiques utilise des cellules de bois pour en faire un matériau plus résistant que l'acier - grâce, cette fois, aux nanotechnologies.