Les agriculteurs visent de hauts rendements, pendant que de plus en plus de consommateurs recherchent des aliments qui n'ont pas été génétiquement modifiés ou en contact avec des produits chimiques. Premier Tech, de Rivière-du-Loup, tente de concilier ces deux souhaits.
À lire aussi:
La moutarde qui fait voler des avions
Traiter la paralysie en s'inspirant des salamandres
Boucler la boucle grâce aux microalgues
Des tubes miniatures qui font grande impression
«Nous travaillons sur des semences agricoles dans lesquelles seraient combinés trois micro-organismes : des mycorhizes, qui sont des champignons qui stimulent la croissance de la plante ; des rhizobiums, qui augmentent la fixation d'azote et diminuent le besoin d'engrais ; ainsi que des bactéries de type bacille, qui contrôlent et réduisent les maladies», résume Serge Gagné, directeur de la R-D de Premier Tech.
Au cours de la germination, les racines des plantes sécrètent des substances, les exsudats racinaires, qui déclenchent le développement des micro-organismes déposés à leur surface.
«Les mycorhizes et les rhizobiums formeront des structures liées aux racines pour aider le développement de la plante, alors que les bactéries se développeront sur la surface des racines pour produire des substances antibiotiques qui empêcheront les pathogènes de se développer ou d'attaquer la plante», explique M. Gagné.
Cette diversité d'actions constitue l'un des grands avantages de cette combinaison organique. «Les plants et les insectes résistent de plus en plus aux produits chimiques, poursuit M. Gagné. Avec les micro-organismes, la résistance devient à peu près impossible, car souvent, ils agissent sur plusieurs mécanismes de défense et ont des effets combinés.»
Selon Charles Lavigne, directeur R-D du Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ), le projet de Premier Tech aura «un impact majeur». «Ce projet s'inscrit dans la recherche de solutions destinées à la population qui rejette les organismes génétiquement modifiés. Ils vont se servir de la nature pour améliorer les rendements des cultures.»
«Nous nous assurons que les micro-organismes bénéfiques souvent déjà présents dans le sol soient à la bonne place au bon moment et en quantité suffisante pour que les plantes en bénéficient», note M. Gagné, en précisant que Premier Tech concentre actuellement ses efforts sur les semences de soya, de pois et de lentilles.
«Nous ne remplacerons pas du jour au lendemain les fongicides et les produits chimiques qui sont déjà sur les semences, avertit-il. Nous arriverons plutôt avec des produits qui peuvent être complémentaires, de sorte qu'éventuellement l'utilisation des produits chimiques diminuera peut-être.»
À lire aussi:
La moutarde qui fait voler des avions
Traiter la paralysie en s'inspirant des salamandres
Boucler la boucle grâce aux microalgues
Des tubes miniatures qui font grande impression
Trouver la bonne formulation
Premier Tech travaille avec les mycorhizes depuis une trentaine d'années et les combine déjà avec des bactéries et les rhizobiums dans le contexte horticole. Son principal défi est maintenant de les faire cohabiter de manière durable sur une semence agricole.
«Les agriculteurs ne changeront pas leur façon de faire, les distributeurs et les semenciers non plus, fait valoir Serge Gagné. C'est nous qui devons nous adapter, surtout sur le plan de la formulation.»
La formulation est ce qui permet aux micro-organismes de rester en place sur la semence et d'y survivre malgré les manipulations et les variations de température. «C'est le marché qui nous dicte la durée de vie nécessaire, explique M. Gagné. Au Québec, les semences sont traitées en février-mars, remises dans des silos et dans des sacs, puis entreposées jusqu'à l'utilisation par l'agriculteur en avril ou mai ; elles gèlent parfois.» D'autres intrants, dont des fongicides, peuvent également être ajoutés.
«Nous devons aussi trouver comment produire les micro-organismes en grande quantité, sauf les mycorhizes, que nous fabriquons déjà en usine», poursuit Sergé Gagné. L'entreprise y travaillera avec le CDBQ, à La Pocatière.
«Et s'ils ont besoin d'aide pour développer leur formulation, nous allons certainement collaborer avec eux pour que les graines soient le plus efficace possible», dit Charles Lavigne.
L'entreprise travaille sur ce projet depuis deux ans. Elle effectue cet été des essais de validation à petite échelle. «L'an prochain, nous devrions faire des essais précommerciaux chez des agriculteurs. D'ici deux ou trois ans, les produits devraient se retrouver en début de commercialisation», prévoit Serge Gagné.
Des applications biotechnologiques prometteuses mises au point au Québec
La biotechnologie apporte des solutions novatrices dans de nombreux secteurs économiques, comme l’agroalimentaire, l’énergie, la santé, l’environnement et les procédés industriels. Découvrez des entreprises québécoises qui ont mis au point des applications biotechnologiques ayant un fort potentiel.
À lire aussi:
La moutarde qui fait voler des avions
Traiter la paralysie en s'inspirant des salamandres
Boucler la boucle grâce aux microalgues
Des tubes miniatures qui font grande impression