Le maire de Laval Gilles Vaillancourt a accepté de se retirer temporairement de ses fonctions d'administrateur d'Hydro-Québec, se rendant ainsi aux appels du gouvernement qui était mal à l'aise en raison des allégations de tentative de corruption qui l'ont récemment éclaboussé.
Dans un communiqué laconique, la Ville de Laval a affirmé que M. Vaillancourt prend acte du souhait exprimé à ce sujet par la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.
« Dans le contexte actuel, où des allégations sans fondement sont colportées et afin de protéger les intérêts supérieurs d'Hydro-Québec, il a décidé de se retirer momentanément de son rôle au sein du conseil d'administration de la société », indique le document.
Plus tôt, mercredi, Mme Normandeau avait lancé un dernier ultimatum à M. Vaillancourt, en exprimant le souhait qu'il soit suspendu temporairement de ses fonctions d'administrateur d'Hydro-Québec, d'ici aux résultats d'une enquête policière.
Alors qu'elle avait invité M. Vaillancourt à réfléchir à la possibilité de quitter ses fonctions, la semaine dernière, Mme Normandeau a qualifié son cas de « particulier ».
« Compte tenu des meilleures pratiques qu'on doit mettre en oeuvre dans pareilles circonstances, moi ce que je souhaite, évidemment, c'est qu'il perde ses privilèges d'administrateur, qu'il soit suspendu de toute rémunération, qu'il n'ait accès à aucune documentation », a-t-elle dit.
Mme Normandeau a cependant fait preuve d'une grande prudence en affirmant que la décision ultime revenait à M. Vaillancourt.
« Dans la mécanique, M. Vaillancourt comme administrateur d'Hydro-Québec, devra signifier sa décision au conseil d'administration et le c.a. d'Hydro-Québec rendra effectif la décision que lui aura communiquée auprès du conseil d'administration d'Hydro-Québec », a-t-elle exposé.
Une enquête policière de la Sûreté du Québec est actuellement en cours à la suite des allégations de deux députés de Laval qui soutiennent avoir refusé de l'argent de la part du maire Vaillancourt.
Le député fédéral bloquiste Serge Ménard et le député provincial libéral Vincent Auclair ont ensuite été sommés de se rétracter par M. Vaillancourt, qui a nié leur avoir tendu des enveloppes d'argent.
La semaine dernière, Mme Normandeau avait demandé à M. Vaillancourt de réfléchir « sérieusement » à l'éventualité de démissionner du conseil d'administration d'Hydro-Québec.
Affirmant qu'elle procéderait « étape par étape », la ministre, qui est responsable de la société d'État, avait cependant indiqué qu'un retrait temporaire était impossible.
La loi d'Hydro-Québec fait en sorte qu'il n'existe pas d'alternative pour les administrateurs: soit ils restent en postent soit ils démissionnent, avait expliqué Mme Normandeau.
Soutenant qu'elle ne voyait aucune « incongruité » entre ce qu'elle a dit vendredi dernier et la suspension temporaire réclamée mercredi, Mme Normandeau a dit s'appuyer sur des règles de saine gouvernance.
« Compte-tenu de ce que j'ai dit vendredi, que la société d'État qu'est Hydro-Québec doit être au-dessus de tout soupçon, elle fait affaire à l'international, ici, partout, au Canada, aux États-Unis (et) il faut s'assurer de s'en remettre aux meilleures pratiques en matière de gouvernance de nos sociétés d'État », a-t-elle dit.
Pour l'opposition péquiste, Mme Normandeau tentait de protéger M. Vaillancourt en lui permettant de se retirer temporairement de ses fonctions d'administrateur alors que cela semblait impossible quelques jours plus tôt.