Le géant pétrolier français Total a annoncé vendredi une chute de ses bénéfices au premier trimestre, malgré une amélioration dans le raffinage, plombés par une lourde charge consécutive à son retrait d'un projet dans les sables bitumineux canadiens.
Total avait annoncé fin mars la cession de ses parts dans Voyageur, un projet d'usine pétrolière lié aux sables bitumineux au Canada enlisé depuis la crise et qui s'est retrouvé condamné économiquement par l'essor du pétrole de schiste.
Ce retrait a lesté les comptes du premier trimestre d'une énorme ardoise de 1,6 milliard de dollars. Par ricochet, le bénéfice net part du groupe a été divisé par plus de deux sur un an, dégringolant de 58% à 1,537 milliards d'euros.
Le bénéfice net ajusté, indicateur le plus suivi dans le secteur, a reculé de 7% à 2,863 milliards, pâtissant quant à lui de prix du pétrole moins élevés qu'un an plus tôt, avec un cours du baril de Brent en repli de 5% sur le trimestre à 112,6 dollars.
De plus, la production d'hydrocarbures de Total a reculé de 2% à 2,323 millions de barils par jour, pénalisée par les déboires du gisement gazier Elgin en mer du Nord britannique, dont la production n'a commencé à reprendre que début mars, après près d'un an d'arrêt provoqué par une fuite de gaz.
La branche exploration-production a ainsi vu son bénéfice opérationnel ajusté baisser de 19%, à 2,5 milliards.
En revanche, la branche raffinage-chimie, qui avait subi un début 2012 catastrophique, a bénéficié d'un redressement saisonnier des marges des raffineries en Europe, et des synergies tirées du rapprochement entre les activités de raffinage et de pétrochimie. Résultat, le résultat opérationnel ajusté de cette division, qui partait de très bas, a été multiplié par 6, à 383 millions d'euros.
Enfin, les gains de la division « marketing et services » (commercialisation de produits pétroliers, et qui inclut aussi les activités du groupe dans les énergies renouvelables) ont presque doublé à 265 millions, aidés par un net redressement des énergies nouvelles, bien qu'elles restent très légèrement déficitaires.
Ces résultats sont inférieurs aux attentes des analystes, qui tablaient sur un bénéfice ajusté de plus de 2,9 milliards d'euros (2,92 milliards selon Bloomberg et 2,95 milliards selon Dow Jones Newswires).
À la Bourse de Paris, le titre Total a débuté la séance en baisse de 0,84% à 37,78 euros, un repli légèrement supérieur à celui du marché (-0,39%).
Le PDG du groupe Christophe de Margerie a jugé pour sa part les « résultats solides » et a assuré que « Total progresse avec confiance dans l'accomplissement de ses objectifs », qui prévoient en autre de porter la production à 3 millions de barils équivalent pétrole par jour en 2017.
En février, il avait dit viser une hausse 2 à 3% cette année, ce qui implique un net rattrapage lors des trimestre suivants.
M. de Margerie a mis en avant des réalisations importantes effectuées lors du trimestre écoulé, comme le lancement de Moho Nord, plus gros projet pétrolier au Congo, ou le redémarrage de la production d'Elgin.
De plus, le programme de cession du groupe, qui prévoit la vente de 15 à 20 milliards de dollars d'actifs entre 2012 et 2014, avance au pas de charge.
Après avoir réalisé l'an dernier pour plus de 6 milliards de cessions, le groupe a engagé une série de transactions (vente des gazoducs français TIGF, d'usines d'engrais en Europe, ou encore de 25% du gisement pétrolier italien de Tempa Rossa...) pour un montant supplémentaire de l'ordre de 5 milliards.
Ces opérations restent encore à finaliser, mais elles mettent le groupe plus que jamais sur les rails pour atteindre dès cette année son objectif plancher de 15 milliards d'actifs cédés.