Le gouvernement canadien n'a jamais été approché par Sinochem concernant un achat éventuel de PotashCorp, a affirmé vendredi le ministre fédéral de l'Industrie Tony Clement, alors que circulent des rumeurs voulant que la société d'État chinoise ait renoncé à son projet d'acquisition du producteur canadien d'engrais.
En marge d'une allocution à Toronto, M. Clement a assuré qu'il n'avait jamais discuté avec Sinochem et que son gouvernement n'avait pas tenté d'influencer la décision du conglomérat asiatique.
PotashCorp fait actuellement l'objet d'une tentative de prise de contrôle hostile orchestrée par le géant BHP-Billiton. L'entreprise de la Saskatchewan clame depuis des mois que l'offre de 130 $ US par action de la société anglo-australienne est ridiculement basse. Elle tente de susciter l'intérêt d'autres acquéreurs potentiels, dans l'espoir de faire monter les enchères.
Pendant un moment, Sinochem est apparue comme un partenaire intéressé, des rumeurs affirmant qu'elle s'allierait à un fonds de pension canadien pour compléter la transaction. En acquérant PotashCorp, la société chinoise espérait entre autres exercer un certain contrôle sur le prix de la potasse qui entre dans la composition d'engrais agricoles.
Sinochem avait même confié à Citigroup et à la Deutsche Bank le mandat d'évaluer les avantages et inconvénients d'une telle transaction. Selon le bureau de Singapour de l'agence Reuters, la société d'État a toutefois choisi de renoncer à ce projet. BHP demeure donc seule en lice pour le moment.
Tony Clement a répété vendredi qu'il examinait actuellement son offre en vertu de la Loi sur Investissement Canada, qui stipule que toute prise de contrôle d'une compagnie canadienne par des intérêts étrangers doit être avantageuse pour le pays. Le ministre devrait rendre sa décision le 3 novembre.
Il n'a pas voulu donner de détails spécifiques concernant les aspects qu'il prend en compte en examinant la proposition, mais a déclaré qu'il considérerait les points de vue de toutes les parties.
Le premier ministre Stephen Harper et lui-même ont d'ailleurs rencontré Brad Wall, le premier ministre de la Saskatchewan. Ce dernier a affirmé qu'il ne voyait pas en quoi l'acquisition de PotashCorp par BHP profiterait aux citoyens de sa province.
Tony Clement a indiqué que le Canada était "ouvert pour les affaires", mais a rappelé que les investissements ne passent pas toujours le test du bénéfice net pour le pays.
En 2008, Ottawa avait ainsi bloqué une tentative de MDA de vendre sa division spatiale à l'américaine Alliant Techsystems. C'était la première fois que le gouvernement fédéral rejetait une prise de contrôle étrangère en s'appuyant sur la législation.
La nouvelle du retrait de Sinochem a fait légèrement fluctuer le titre de PotashCorp à la Bourse de Toronto, vendredi matin, mais sa valeur est néanmoins demeurée supérieure à celle de l'offre hostile de BHP.
Peu après l'ouverture du parquet, vendredi, l'action de PotashCorp valait 147,03 $, en baisse de 1,19 $ soit moins de 1 pour cent.