L'avenir de la compagnie Sino-Forest apparaît de moins en moins brillant. Les agences de notation Standard & Poors et Moody's ont en effet toutes deux formulé des doutes lundi quant à sa capacité de survivre à la crise qui la secoue depuis la publication d'un rapport dévastateur de la firme d'investissement Muddy Waters Research, au début de l'été.
Dans ce document, la société spécialisée dans la vente de titres à découvert reprochait à Sino-Forest d'avoir menti au sujet de ses revenus et de ses titres de propriété sur des terres forestières en Chine.
Après sa propre enquête, la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario a interdit vendredi les transactions sur le titre de la société et imposé des sanctions à ses principaux dirigeants de la société, dont le président du conseil et chef de la direction, Allen Chan.
Ce dernier a démissionné dimanche. C'est l'ancien pdg de Southam, William Ardell, qui a pris les rênes du conseil d'administration. M. Ardell était déjà responsable de l'enquête interne sur les affirmations de Muddy Waters. Judson Martin devient pdg.
M. Chan a en outre quitté lundi ses fonctions d'administrateur et de président du conseil du groupe Greenheart, une société dans laquelle Sino-Forest détient une participation de 64 pour cent.
La Bourse de Hong Kong a suspendu lundi les transactions sur ce titre.
Dans ce contexte, Standard & Poor's a retiré sa cote à l'entreprise. S&P estime ne plus posséder suffisamment d'information pour bien évaluer les risques que ses titres comportent.
Avant de lui retirer sa cote, la firme américaine avait abaissé la note de Sino-Forest de B à CCC-. L'analyste Frank Lu a souligné lundi dans une note que les récents développements dans cette affaires rendaient plus plausibles les allégations de fraude.
"La décote est aussi le reflet de notre évaluation de la gravité des difficultés d'exploitation auxquelles la société est confrontée et de l'accroissement des pressions sur sa trésorerie", a-t-il précisé.
Quant à Moody's, elle a abaissé la note de Sino-Forest de B à Caa1 et indiqué qu'elle n'écartait pas une nouvelle décote.
Selon l'analyste Ken Chan, "la suspension des transactions, la démission d'Allen Chan et les enquêtes en cours nuisent aux activités de l'entreprise et à sa capacité d'accéder à des fonds additionnels".
Aucune des allégations au sujet des activités de Sino-Forest n'a été prouvée.
La valeur boursière de l'entreprise a été la plus importante du secteur forestier, au TSX. Sino-Forest précédait au classement des géants comme Canfor, Domtar et AbitibiBowater.
Son titre qui valait plus de 14 $ avant la publication du rapport de Muddy Waters Research valait 4,81 $ avant la suspension des transactions au Canada, jeudi de la semaine dernière.
Aux États-Unis, il a perdu plus de 70% de sa valeur, vendredi.