Côte-Nord. À la suite de la publication de notre manchette de la fin d'août sur le Plan Nord, nous vous présentons d'autres textes relativement aux espoirs déçus d'une région qui attendait beaucoup de cet ambitieux chantier.
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Peut-on atténuer certains effets négatifs du fly-in/fly-out ? Oui, selon la Ville de Sept-Îles, qui a mandaté un architecte émérite rattaché à l'Université McGill pour réaliser un concept novateur, celui d'un quartier résidentiel évolutif.
Ce quartier, qui fait neuf kilomètres carrés, est situé à l'écart d'un centre commercial et est traversé par un ravin. La ville prévoit y faire bâtir des résidences dites «convertibles».
Ces résidences, dans un premier temps, hébergeraient des travailleurs de passage, notamment des ouvriers de la construction venus de l'extérieur pour bâtir des projets miniers ou industriels. Puis, une fois les travailleurs temporaires partis, elles deviendraient disponibles pour des familles de résidents permanents de Sept-Îles, et ce, à un coût abordable.
L'absence de logements abordables représente un problème majeur lorsqu'un boom économique survient en région éloignée. Typiquement, le prix des loyers double avec l'arrivée des grands projets et les habitants de la région qui ne sont pas employés par ces projets n'ont plus les moyens de vivre chez eux. C'est ce qui s'est passé en 2011-2012 à Sept-Îles, relate le maire de la ville, Réjean Porlier.
Conversion de 11 à 4 chambres
C'est à Avi Friedman, lauréat de nombreux prix pour ses maisons adaptables - dont plusieurs ont été construites à Montréal et au Mexique dans les années 1990 - que Sept-Îles a fait appel pour concevoir ce projet qui prévoit trois options : un quartier pour 500, 1 350 ou 4 500 travailleurs.
M. Friedman a dessiné des maisons individuelles de 3 étages comportant 9, 10 ou 11 chambres à coucher et pouvant être converties en maisons individuelles de 4 ou 3 chambres à coucher, en duplex (de 3 ou 2 chambres) ou encore en triplex (de 1, 2 et 2 chambres). Il a aussi conçu des immeubles de logements de différentes volumétries, dans lesquels les logements peuvent être convertis de 3 à 2 ou de 4 à 2 chambres à coucher.
Il a aussi dessiné un centre communautaire. Utilisé par les travailleurs, il comprend notamment une cafétéria et un gym, qui sont convertibles en garderie et salle de spectacles multifonctionnelle pour la population résidente.
Il a mis quatre mois à dessiner les plans pour chacun des immeubles.
«Ce qui rend ces résidences flexibles est le design de murs démontables et l'adaptabilité des espaces, laquelle est rendue possible par le choix de la bonne position des portes et de la disposition de la plomberie», dit M. Friedman, rencontré à son bureau de l'Université McGill.
En outre, son oeuvre fait en sorte que toutes les constructions peuvent être réalisées à partir d'une gamme de sept types de panneaux différents (bois ou acier).
La démarche d'Avi Friedman est écologique : il a non seulement conçu les résidences, mais aussi aménagé le territoire où sont prévus une piste cyclable, des terrains de jeu, des jardins et des espaces ouverts. On peut y aménager des toits verts et des panneaux solaires. De plus, le quartier est dessiné de façon à faire obstacle au vent et au froid, créant un microclimat dans cette région nordique.
Les résidences seraient financées par les promoteurs de projets - miniers, industriels -, puis revendues à un organisme à but non lucratif de la ville et destinées aux familles locales.
«C'est une façon de rendre le Plan Nord durable», plaide le conseiller municipal Guy Berthe, qui pilote le projet pour l'administration de Sept-Îles.
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Un leg aux communautés
Les habitants de Fermont et de Port-Cartier en sont témoins : les campements de travailleurs temporaires - des constructions qui ne prêtent pas attention à l'environnement - provoquent des sentiments négatifs. Quand les travailleurs partent, on les enlève, et la population se retrouve avec des trous béants déboisés et endommagés.
«Pour un investissement supplémentaire, qu'ils récupéreraient avec la revente, les compagnies privées auraient, avec notre projet de quartier évolutif, la possibilité de faire un leg positif aux communautés où elles s'installent», plaident Avi Friedman et Guy Berthe. M. Friedman évalue que le coût de construction de ces logements varierait de 100 000 $ à 300 000 $.
De son côté, Guy Berthe rappelle que les minières, lorsqu'elles embauchent des travailleurs de la construction, doivent de toute façon débourser pour chacun d'entre eux de 100 $ à 150 $ par jour pour les héberger.
Le projet de quartier évolutif a été commandé en 2011. Il a l'appui de plusieurs acteurs économiques de Sept-Îles, dont la Chambre de commerce, le port et Développement économique Sept-Îles. Trois partenaires privés y ont contribué : la minière Mine Arnaud, l'aluminerie Alouette et Cliff Natural Resources. Mais le projet a été mis en veilleuse à cause du contexte économique. Cliff Natural Resources est en difficulté financière et a gelé son expansion ; la troisième phase de l'aluminerie Alouette est aussi en suspens, alors que Mine Arnaud attend d'avoir le feu vert du gouvernement Couillard.
Avec la relance du Plan Nord, on espère que les choses changeront.
Pour Avi Friedman, il «serait opportun de redémarrer le projet maintenant, avant l'arrivée d'un afflux de population».
Il pense en outre que son concept est source d'innovation pour les fabricants québécois d'habitations préfabriquées et facilement exportables. Il est présentement à la recherche d'un manufacturier et est en pourparlers avec M. Berthe pour bâtir ces habitations convertibles chez les Premières Nations du Nord- du-Québec.
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