Vivement critiquée par les participants présents à son assemblée, la direction d’Orbite Aluminae devra trouver du financement très prochainement si elle veut pouvoir exécuter son plan. La minière montréalaise n’a pas été en mesure de trouver un créancier avant de rencontrer ses actionnaires.
La minière montréalaise aura besoin de 31 M$ pour financer des rénovations à son usine de Cap-Chat. Les rénovations ne commenceront pas tant que le financement ne sera pas obtenu. Les travaux permettraient à l’usine de produire 3 tonnes d’alumine de haute pureté par jour.
Dans sa présentation devant les actionnaires, Glenn Kelly, chef de l’exploitation, a dit que la construction prendra 12 mois. Il prévoit que le projet sera réalisé vers le mois de juillet 2014, ce qui nécessite un financement imminent.
Investissement Québec étudierait la possibilité d’injecter 21 M$ dans le projet, a rapporté La Presse avant l’assemblée. Orbite n’a pas voulu confirmer si une entente était sur le point d’être conclue avec le bras financier du gouvernement.
« Tout est sur la table, a répondu M. Kelly en marge de l’assemblée. Nous regardons d’abord les solutions qui ne dilueraient pas l’avoir des actionnaires, mais tout est possible que ce soit une aide du gouvernement, un emprunt, une émission d’actions ou l’hypothèque d’actifs. »
Outre l’investissement de 31 M$, Orbite devra débourser des «dizaines de millions de dollars » pour une étude de faisabilité en vue de construire une usine d’alumine métallurgique qui traiterait l’argile alumineuse du dépôt de Grande-Vallée.
Questionné par un actionnaire sur la viabilité de l’entreprise, M. Kelly a indiqué que les flux de trésorerie étaient négatifs d’environ 800 000$ par mois. Au 31 décembre 2012, l’encaisse de l’entreprise était de 40 M$.
Actionnaires en colère et divulgationCertains actionnaires en avaient gros sur le cœur, lors de l’assemblée qui avait lieu à Montréal jeudi matin. Orbite s’est fait critiquer pour la débâcle de son action, qui a perdu 65% depuis le début de l’année. Des actionnaires ont pris le micro pour accuser la direction de ne pas révéler suffisamment d’informations sur les difficultés rencontrées et d’avoir dévoilé des prévisions trop optimistes.
Un actionnaire a même évoqué de possibles délits d’initiés. « Je regarde l’action 32 fois par jour, a-t-il dit. À chaque fois que vous aviez une annonce, le volume était beaucoup plus élevé deux jours avant son dévoilement. »
Richard Boudreault, le pdg, a répondu qu’il n’y avait pas eu d’activités inhabituelles lors de la dernière grande annonce, mardi dernier. La société avait annoncé que Glencore est preneur de la totalité de la production de sa première usine d’alumine métallurgique pour une durée de 10 ans. « Je sais, c’est la première fois que ça n’arrive pas », a répondu l’actionnaire mécontent sous les applaudissements de la salle.
« Nous essayons de limiter ce genre de chose là, a ajouté M. Boudreault. Il y a très peu d’informations qui circulent chez Orbite. Parfois, c’est difficile quand nous signons des ententes avec des constructeurs. Il y a des possibilités de fuite, mais chez nous on n’en voit pas.»
Le conseil d’administration a d’ailleurs formé, il y a deux mois, un comité de divulgation en raison des préoccupations des actionnaires. Le comité dirigé par l’administrateur Stéphane Bertrand veillera à ce que l’information soit « juste et claire ».
« Il faut que les gens soient excessivement prudents, commente M. Bertrand après l’assemblée. On a resserré les règles de la compagnie afin que l’information qui circule soit adressée aux bonnes personnes. On veut s’assurer qu’il n’y ait pas de fuite et qu’on ait le plein contrôle des communications. »
Rien ne permet de penser qu’il y ait eu des délits d’initiés chez Orbite, assure Lionel Léveillé, président du conseil d’administration. Le principal problème identifié par le conseil en est un de clarté. Certains communiqués pouvaient être mal interprétés en raison de tournures de phrase imprécises, admet-il. La firme a révisé les services de communication et de traduction qu’elle sollicite.
Malgré le pot, tous les administrateurs ont passé le test du vote des actionnaires avec une très forte majorité. Richard Boudreault a vu son mandat d’administrateur reconduit à 92%. C’est le plus faible d’appui. Les autres administrateurs ont obtenu un appui d’entre 92% et 99%.
Quelques minutes avant la fermeture, l’action d’Orbite perd 4,60% à 0,83$.