Le lendemain du dépôt de la demande d’Enbridge, un groupe d’organismes environnementaux déclare la guerre au projet d’inversion du flux de l’oléoduc no 9, pour acheminer du pétrole issu des sables bitumineux jusqu’à Montréal.
«Nous croyons que l'ensemble de la population du Québec doit se mobiliser contre ce projet. Enbridge a une feuille de route pitoyable quant à la sécurité de ses pipelines et est responsable du plus important déversement pétrolier en sol nord-américain en 2010 au Michigan», déclare Steven Guilbeault, porte-parole d'Équiterre, dans un communiqué émis ce matin.
L’organisme s’est joint à Greenpeace et à Environmental Defence pour faire pression auprès des gouvernements et de la population contre la réalisation de ces travaux.
Le projet d’Enbridge, évalué à 100 M$, prévoit inverser le flux d’un oléoduc construit dans les années 1970 pour le faire couler d’ouest en est, de façon à acheminer du brut albertain vers le Port de Montréal. L’entreprise veut aussi en augmenter la capacité. Les raffineries du Québec et des Maritimes sont actuellement approvisionnées par du pétrole d’Europe, du Venezuela et des pays arabes.
«Québec ne peut s’en remettre à Harper»
«Québec ne peut s’en remettre à Harper»
Mais les écologistes ne l’entendent pas ainsi. Ils pressent Québec de bloquer le projet. Ils croient que l’inversion du flux dans l’oléoduc, ainsi que le pompage de volumes plus importants d’un brut plus visqueux, risquent de provoquer un désastre environnemental. Mais surtout, ils en ont contre le pétrole issu des sables bitumineux, jugé plus sale que celui que l’Est du Canada importe de l’étranger.
«Québec ne peut s'en remettre au gouvernement Harper, à l'Alberta ou à l'Office nationale de l'énergie en matière d'environnement et doit refuser ce projet pour le bien commun des Québécois, insiste Patrick Bonin, de Greenpeace. Si la province carbure un jour aux sables bitumineux, elle deviendra complice de la plus grande destruction environnementale de l'histoire de l'humanité et perdra son statut de leader en environnement.»
De son côté, Enbridge assure au contraire que l’inversion de l’oléoduc n’implique aucun danger supplémentaire et que toutes les procédures de sécurité habituelles seront observées. «L’accroissement de capacité proposé, soit de 240 000 à 300 000 barils par jour, n’influera pas sur la pression d’exploitation maximale du pipeline», assure l’entreprise dans une lettre qu’elle a fait parvenir aux municipalités du Québec et de l’Ontario, en réponse à une autre missive envoyée par Environmental Defence.
Déversement monstre au Michigan
Déversement monstre au Michigan
Le bilan environnemental d’Enbridge a été assombri en juillet 2010 quand la fuite d’un des ses oléoducs a provoqué le plus important déversement jamais survenu en sol américain, au Michigan. L’Environmental Protection Agency américaine estime à 4,3 millions de litres la quantité de bitume déversé ; Enbridge, à 3,2 millions de litres.
La Transport Security Administration affirme que l’entreprise albertaine connaissait depuis cinq ans les problèmes qui affectaient cet oléoduc.
Le nettoyage a coûté quelque 800 M$. Enbridge est passible d’une amende de 3,7 M$ US.