2013 promet d'être une rude année pour les compagnies minières établies au Canada. Car elle va être surtout marquée, pour la seconde année d'affilée, par une nette hausse des coûts, d'après Glenn Ives, chef, secteur minier, Amériques, de Deloitte Canada. Une affirmation qui s'appuie sur le rapport intitulé À l’affût des tendances de 2013, lequel énumère les 10 principaux enjeux qui sont les plus susceptibles d’affecter le secteur minier canadien l'an prochain.
«La situation économique actuelle des minières est appelée à se détériorer à court terme, en raison de la baisse des prix des produits de base qui persiste, de la demande des travailleurs pour des salaires plus élevés et de la hausse des coûts reliés aux enjeux réglementaires», précise M. Ives.
À cela s'ajoutent d'autres facteurs : «Les défis vont être nombreux l'an prochain pour les minières, au Canada comme partout dans le monde, ajoute Jürgen Beier, chef national, secteur minier, de Deloitte Canada. Parmi eux figurent la lutte contre la corruption, l’intensification des pratiques de responsabilité sociétale et l’utilisation plus poussée des technologies émergentes.»
Selon l’étude de Deloitte, les 10 tendances qui vont marquer le secteur minier au Canada en 2013 sont les suivantes :
> Coûts plus élevés. C'est la tendance la plus importante. Elle découle d'une plus grande volatilité des devises, de coûts d’exploitation plus élevés et des teneurs moins concentrées des minerais. Du coup, «pour arriver à contrôler les coûts, les minières devraient identifier leurs inducteurs de coûts, recourir davantage à l'automatisation, revoir leur modèle opérationnel et alléger la structure de la chaîne logistique», indique le rapport.
> Incertitude de la demande. Le ralentissement de la croissance en Chine, combiné à l’écart plus marqué entre l'offre et la demande, a affecté de façon défavorable les prix des produits de base et les décisions d’investissement. «Plutôt que d’interrompre la production et risquer d’être incapables de répondre à la demande future, les minières devraient chercher à mieux analyser leurs marchés pour déceler avant les autres les changements à venir les concernant.»
> Ralentissement des projets d'infrastructure. Nombre de dirigeants de minières hésitent d'ores et déjà à autoriser de nouvelles dépenses en infrastructures, car le secteur est en période de resserrement des marges et de forte pression pour verser des dividendes aux actionnaires. Pourtant, l’étude indique que la réponse adéquate à cette situation n’est pas de geler des projets d'infrastructure ou d'attendre que les prix des produits de base se stabilisent, mais plutôt d'investir «de manière disciplinée», comme, par exemple, de procéder à «la rationalisation de projets, l’amélioration de la productivité du capital, l’analytique de données ou l'amélioration de la qualité de l’exécution des projets».
> Vague de fusions & acquisitions. En raison du financement par emprunt limité, des minières cherchent à conclure des ententes de façon préventive avec les partenaires de leur choix via des fusions & acquisitions. Résultat? «Le volume des transactions devrait augmenter en 2013, et les investisseurs asiatiques devraient fournir une bonne partie des fonds impliqués», estime le rapport de Deloitte.
> Nationalisme lié aux ressources. Un peu partout dans le monde, les gouvernements commencent à exercer différentes formes de nationalisme lié aux ressources, allant de la privatisation à l’expropriation, en passant par des taxes exceptionnelles et autres redevances. «Les minières devraient s’employer à renforcer leurs relations avec les gouvernements, diversifier leur offre de produits ainsi que les régions où elles sont actives ainsi qu'apporter la preuve des retombées économiques locales qu'elles apportent.»
> Lutte contre la corruption. «Les minières devront être encore plus vigilantes en matière de corruption, tant à leur égard qu'à celui de leurs partenaires d'affaires.» La clé? Davantage de transparence, et notamment se préparer à montrer patte blanche aussi vite que possible, lorsque des autorités de réglementation le réclament.
> Nouveau degré de responsabilité sociale. La responsabilité sociale des entreprises va bien au-delà des évaluations d’impact. «Les minières devront davantage intégrer la durabilité dans leurs paramètres de mesure internes, dans leurs méthodologies de projets d’investissement ainsi que dans leurs négociations avec les communautés locales, les gouvernements, les ONG et les autorités de réglementation», estiment les experts de Deloitte.
> Pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Même si à court terme l'enjeu n'est pas primordial, il le demeure à moyen et long terme. «Les minières devraient d'ores et déjà veiller à renforcer l’ensemble des aptitudes de leurs équipes, en formant les travailleurs en poste afin de leur permettre d'occuper des fonctions différentes à l'avenir, en recrutant de sources non traditionnelles, en commanditant des programmes universitaires, ou encore en s’engageant dans la planification de la main-d’œuvre.»
> Sécurité renforcée. Les dangers liés à l’exploitation minière sont en hausse, particulièrement dans les régions éloignées, voire inhospitalières. «Pour mieux comprendre les facteurs qui causent les incidents reliés à la sécurité, les sociétés minières devraient faire appel à la modélisation prédictive et appliquer de nouveaux outils et technologies analytiques à leurs processus actuels.»
> Avancées technologiques. Malgré leur volonté évidente de faire preuve d’innovation, plusieurs minières ne réussissent pas à tirer parti de technologies comme l’analytique des données. «Pour améliorer les activités d’exploitation tout en réduisant les coûts, elles devraient revoir leurs stratégies en TI, et considérer, entre autres, des investissements dans des automates programmables et autres systèmes d’acquisition de données et de contrôle de sécurité.»