L'explosion du prix du cuivre, dont le cours a été multiplié par trois depuis le creux de décembre 2008, stimule le crime. Résultat : les vols de ce métal ont doublé en 2010 sur le territoire de la Sûreté du Québec (SQ).
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Selon les informations colligées par la SQ pour Les Affaires, le nombre de plaintes pour vols de cuivre est passé de 267, en 2009, à 516, en 2010. La valeur des vols, elle, a bondi de 440 238 à 985 112 $, pendant la même période. Les services de police de Montréal et de Québec n'ont pas été en mesure de fournir ce type de statistiques.
Les services publics dans la mire des voleurs
" Les services publics sont les plus touchés par les vols de cuivre ", dit Geneviève Bruneau, porte-parole de la SQ.
Il s'agit d'organisations comme Hydro-Québec, le ministère des Transports du Québec, des fournisseurs de services de télécommunication, des entrepreneurs en construction et des villes.
Comme le cuivre est un excellent conducteur d'électricité, on retrouve ce métal non ferreux dans plusieurs équipements et installations de ces organisations.
" Les voleurs s'attaquent surtout au cuivre présent dans nos systèmes d'éclairage ", raconte Mario St-Pierre, porte-parole du ministère des Transports. Pour sa part, Hydro-Québec a recensé 514 vols de métaux - la quasi totalité du cuivre - dans ses infrastructures en 2010, pour une perte estimée à 3,3 millions de dollars (M$).
C'est beaucoup plus qu'en 2009 : la société d'État avait répertorié 307 vols totalisant un déficit de 1,4 M$. " Les voleurs sont souvent téméraires. Ils sévissent aussi bien dans les cours à matériaux et les chantiers que sur le réseau ", explique Danielle Chabot, porte-parole de la société d'État.
Des voleurs très bien organisés
Si de petits voleurs sont derrière plusieurs crimes, des organisations plus structurées commettent aussi ces vols, selon la SQ. " Il y a des réseaux ", dit le porte-parole Daniel Thibaudeau, sans donner plus de détails, prétextant des enquêtes en cours.
Michel Juneau-Katsuya, ancien agent du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et président de la firme de sécurité The Northgate, affirme que le crime organisé est impliqué dans les vols de cuivre. " Des camions transportant du cuivre ont même été attaqués en Ontario ", dit-il.
Pire : selon la SQ, un vol de cuivre est à l'origine du meurtre d'un gardien de sécurité sur le site de l'ancienne mine Normandie de Saint-Joseph-de-Coleraine, au sud de Thetford Mines, en juillet 2010.
Le métal volé serait revendu au Canada et à l'étranger.
Les entreprises ayant du cuivre dans leurs installations peuvent limiter les vols en augmentant la surveillance sur leurs sites (gardiens, caméras, etc.) ou en dotant leurs équipements de dispositifs de repérage (GPS, système Boomerang). Mais les voleurs savent souvent comment contourner ces dispositifs, en transférant par exemple la cargaison volée dans un autre véhicule.
Les gouvernements ne doivent pas prendre le vol de cuivre à la légère. En 2008, le FBI, la police fédérale américaine, a publié un rapport (Copper Thefts Threaten U.S. Critical Infrastructure) dans lequel il soulignait que ces vols représentait un " risque pour la sécurité publique et la sécurité nationale ".