Le nouveau président de l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), Michael Binnion, compare le Québec à un «bénéficiaire de l’aide sociale». Selon lui, la province n’a pas intérêt à développer ses ressources naturelles, car elle serait pénalisée par Ottawa.
M. Binnion, qui n’a pas l’habitude de mâcher ses mots, a émis ces propos dans son plus récent billet de blogue publié le 8 avril.
Le pdg de la société d'exploration Questerre Energy, qui a remplacé Lucien Bouchard à la tête de l'APGQ en février dernier, affirme que le système actuel de péréquations est nuisible pour le Québec.
«La province reçoit des fonds de la part du gouvernement fédéral pour compenser le fait que les redevances liées à ses ressources et les impôts qu’elle en tire baissent. Pire encore, si le Québec hausse les tarifs d’électricité, augmente ses redevances minières ou met en valeur ses propriétés gazières et pétrolières, il serait pénalisé par le gouvernement fédéral», déplore M. Binnion.
Autrement dit, le gouvernement du Québec est selon lui «comme un bénéficiaire de l’aide sociale. S’il se trouve un emploi, l’aide qu’il reçoit diminue, mais s’il perd son travail, l’aide qui lui est accordée augmente.»
M. Binnon a précisé sa pensée dans une entrevue au Financial Post en indiquant que le gouvernement québécois doit avoir des incitatifs économiques à mettre en valeur ses ressources naturelles, soit le pétrole et le gaz. Or, présentement, la province a peu d’intérêt à les développer, car elle risque de voir ses paiements de péréquation réduits.
Dans les provinces comme l'Alberta, les gens doivent prendre conscience que la péréquation ne profite pas au Québec, mais lui nuit, écrit-il. Un modèle selon lequel la production dépasse la consommation est soutenable pour une société, mais un modèle inverse ne l'est pas.
Selon lui, c’est en exploitant ses ressources que le Québec peut passer d’une situation déficitaire où il se trouve présentement à une où il générerait les 10 milliards de dollars supplémentaires dont il a besoin pour équilibrer son budget.
M. Binnion admet que son analogie à l’aide sociale ne sera pas appréciée de tous. Il croit cependant que la meilleure solution pour la province est comparable aux réformes de l’aide sociale: mettre en place un système de péréquations qui ne pénaliserait pas la province si elle développait ses matières premières.
Dans le Canada anglais, de plus en plus de voix s’élèvent contre le système de péréquations actuel, particulièrement à un moment où l’Alberta, une province riche, vit une période économique plus difficile.
En novembre dernier, par exemple, David Campbell chercheur à l’Institut de recherches en politiques publiques, avait dit que le Québec ne peut avoir le beurre en même temps que l’argent du beurre.
Le Québec, province considérée pauvre, retire des paiements de transfert : environ 8 G$, soit le huitième de ses revenus. Mais elle a toutefois fermé la porte à l’exploitation du gaz et du pétrole.
Pendant ce temps, la Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique, de même que Terre-Neuve, ont toutes ouvert la porte à l’exploitation de gaz de schiste chez elles. Ces provinces contribuent à la redistribution des richesses au Canada.
Ottawa doit réévaluer son programme de péréquations l’an prochain. Le ministre des Finances Jim Flaherty a toutefois indiqué qu’il ne prévoit pas apporter de changements majeurs au système actuel.