Le Québec devrait développer ses ressources gazières comme le reste de l’Amérique du Nord afin d’assurer sa prospérité économique puis réduire ses émissions de gaz à effet de serre et ses polluants atmosphériques, soutient Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro.
Lors d’un discours prononcé mardi midi devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la patronne du distributeur gazier a déclaré que le Québec devait retrouver un équilibre entre le développement économique et la protection de l’environnement, au risque de s’appauvrir.
«Le Québec a besoin d’argent, il faut le dire. Nous avons besoin d’universités fortes, d’institutions hospitalières en santé, d’artistes capables de créer et de rayonner. Il faut s’occuper des jeunes et des plus vieux, qui ont donné à la société», a déclaré Sophie Brochu devant un auditoire de gens d’affaires qui lui a réservé une ovation debout à la fin de son discours.
La femme d’affaires a rappelé que le Québec profite déjà du boom gazier aux États-Unis, où des dizaines de milliers de puits sont en activité. Une production qui a fait chuter les prix du gaz en Amérique du Nord, et qui a fait économiser deux milliards de dollars de dollars canadiens aux entreprises, aux institutions (universités, hôpitaux) et aux particuliers qui consomment du gaz naturel.
Comme aux États-Unis, le Québec pourrait aussi accroître les investissements au Québec, en rendant le gaz naturel plus accessible pour les grandes entreprises. Selon elle, le projet d’une usine d’engrais azoté à Bécancour de la société indienne IFFCO, de concert avec la Coop fédérée, montre bien comment cette ressource est structurante.
Ce procédé de production «se fait à partir du gaz naturel, pas autre chose», a insisté la patronne de Gaz Métro. Selon elle, la disponibilité accrue du gaz naturel et ses bas prix aux États-Unis (une tendance qui est là pour durer au moins 15 ans, selon l’Agence internationale de l’énergie) contribue à «réindustrialiser» le pays.
Le gaz pour réduire les GES
Sophie Brochu estime que le Québec pourrait en faire autant, pour attirer de nouvelles entreprises ou consolider la présence de celles déjà en activité ici. C’est pourquoi Gaz Métro souhaite connecter la Côte-Nord à son réseau gazier. «C’est la seule région du Québec qui n’ait pas accès au gaz», dit-elle. Il s’agirait de construire un gazoduc reliant l’arrondissement Jonquière (ville Saguenay) à Sept-Îles en passant par Port-Cartier.
Une plus grande utilisation du gaz naturel dans les procédés industriels et les transports permettrait de réduire les GES. Selon elle, le Québec a besoin du gaz pour atteindre sa cible de réduction de GES de 25% d’ici 2020, car les 300 000 voitures électriques que le gouvernement veut mettre sur les routes ne seront pas suffisantes pour atteindre cette cible.
À l’heure actuelle, le secteur du transport est responsable de 43% des émissions de GES au Québec. De ce nombre, le tiers provient du secteur du camionnage qui, lui, ne peut pas se convertir à l’électricité. D’où l’intérêt du gaz naturel dit Sophie Brochu, en donnant l’exemple de Transport Robert, qui compte déjà dans sa flotte une centaine de camions fonctionnant au gaz naturel liquide.
Pour donner tout le potentiel du gaz naturel pour réduire les GES dans une économie, la patronne a donné l’exemple des États-Unis. Depuis quelques années, le gaz naturel a remplacé le charbon dans la production d’électricité pour puissance installée oscillant de 30 000 à 40 000 mégawatts, soit l’équivalent de la puissance installée d’Hydro-Québec.
Cette conversion au gaz a permis de réduire de 80 millions de tonnes les émissions de GES des États-Unis, ce qui représente grosso modo l’ensemble des émissions du Québec en 2010.