Les prix du pétrole ont fini en recul mercredi à New York, plombés par une forte hausse des stocks de brut aux États-Unis et par des indicateurs qui ont souligné l'étendue de la crise en zone euro.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février a perdu 1,37 dollar par rapport à la veille, terminant à 100,87 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a perdu 1,04 dollar, à 112,24 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).
"On a vu un peu de repli avec la combinaison entre une hausse des stocks, la contraction du PIB en Allemagne et une actualité assez calme au Moyen-Orient après trois jours de fortes tensions dans le détroit d'Ormuz", a observé Bart Melek, stratège chez TD Securities.
Rattrapée par la crise des dettes européennes, la croissance économique allemande a montré des signes de faiblesse fin 2011, perdant 0,25% au dernier trimestre, ce qui laisse redouter une entrée en récession du pays moteur de la zone euro.
"On savait déjà que l'Europe était en récession. Les Allemands pensaient pouvoir y couper, mais maintenant, cela va peut-être enfin les inciter à vouloir que la BCE (Banque centrale européenne) intervienne", a-t-il avancé.
La BCE doit faire connaître sa décision de politique monétaire jeudi. Le marché attend à cette occasion de connaître ses éventuels commentaires sur ses rachats d'obligations de pays de la zone euro, sur le secteur bancaire et les perspectives économiques de l'Union monétaire.
Le marché craint que "l'Allemagne n'aggrave la crise économique dans l'Union européenne", a souligné Phil Flynn, de PFG Best.
"Oubliez le nucléaire iranien et l'assassinat du scientifique, oubliez la grève au Nigeria, l'inquiétude pour l'économie européenne est de retour", a-t-il lancé.
Autre facteur à la baisse, les stocks de brut des États-Unis ont augmenté de 5 millions de barils lors de la semaine achevée le 6 janvier, cinq fois plus qu'anticipé par les analystes et après un bond de 2,2 millions la semaine précédente.
Les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont quant à eux augmenté de 4 million de barils, et les stocks d'essence de 3,6 millions de barils - bien plus que prévu.
"Les importations nettes de pétrole ont augmenté de 10%, la plus forte hausse depuis juillet 2010, provoquée sans aucun doute par les menaces de l'Iran de perturber l'approvisionnement" en bloquant le détroit d'Ormuz, où transite environ 35% du brut mondial, ont expliqué les économistes de Natixis.
Ces derniers ont par ailleurs observé que "l'hiver est plus doux que d'habitude" aux Etats-Unis, ce qui pèse sur la consommation de produits distillés, très utilisés pour se chauffer.
Le retour au premier plan de la zone euro et la hausse des stocks ont ainsi limité l'impact de l'assassinat mercredi d'un responsable nucléaire iranien dans l'explosion de sa voiture. Ce nouveau développement dans la crise opposant les autorités iraniennes et les Occidentaux a été attribué par Téhéran à Israël et aux Etats-Unis, qui ont nié être derrière l'attentat.
Au Nigeria, premier pays africain producteur de brut, les troubles liés aux affrontements religieux et aux manifestations contre la hausse des carburants se poursuivaient pour le troisième jour. Au moins 11 personnes sont mortes depuis lundi.