L'industrie éolienne québécoise a non seulement grandi, mais elle exporte de plus en plus.Mais combien, exactement ? Difficile d'obtenir des statistiques à ce sujet. Même l'Institut de la statistique du Québec ne compile pas de données. Le TechnoCentre éolien, un organisme de Gaspé qui soutient l'industrie, a voulu en savoir plus. Il a mandaté Zins Beauchesnes et associés pour sonder des entreprises du secteur afin d'évaluer leur internationalisation.
En 2012, les 41 sociétés interrogées avaient exporté pour 267,5 millions de dollars en pièces et composants éoliens. Les États-Unis accueillaient 44,6 % de leurs expéditions à l'étranger.
Il faut dire que le marché américain est particulièrement intéressant. Au cours des cinq dernières années, l'industrie américaine a investi en moyenne 15 milliards de dollars américains par année, selon l'American Wind Energy Association.
Cet environnement d'affaires crée des occasions d'affaires pour des PME québécoises comme Techéol, de Sayabec (dans le Bas-Saint-Laurent) spécialisée dans l'entretien des éoliennes.
«Nous avons récemment décroché un mandat de deux mois en Alaska pour la mise en service d'un parc éolien», dit Stéphane Thériault, directeur des opérations chez Techéol.
Ce projet est la propriété de la coopérative amérindienne CIRI, qui investit dans plusieurs secteurs économiques, dont l'énergie.
Le manufacturier de systèmes électro-hydrauliques Hydrep a aussi fait son nid aux États-Unis, où la PME exporte 92 % de sa production. Son système de freinage est recherché, explique le pdg de l'entreprise de Saguenay, Yvon Desjardins. «Notre système sert à arrêter d'urgence les pales des éoliennes», dit-il.
Marmen, une entreprise de Trois-Rivières spécialisée dans l'usinage de haute précision, a aussi fait une percée aux États-Unis. Pour ce faire, elle a acheté une usine du Dakota du Sud, en 2013, afin d'y fabriquer des tours d'éoliennes.
Le potentiel des marchés émergents
Les États-Unis ne sont pas le seul marché à intéresser l'industrie éolienne québécoise.
Par exemple, Techéol a récemment soumissionné à une offre de service pour un projet au Chili. «Nous sommes en attente d'une réponse», indique Stéphane Thériault.
L'entreprise regarde aussi de près les occasions d'affaires en Colombie et au Mexique.
D'ici 2022, l'Association mexicaine de l'énergie éolienne s'est d'ailleurs donné l'objectif de multiplier par six la puissance installée dans le pays, pour la faire passer de 2 000 à 12 000 mégawatts.
Hydrep s'intéresse aussi au marché de l'Amérique latine, dont le Brésil. «On exporte très peu dans ce pays pour l'instant, mais ça progresse vite», raconte M. Desjardins.
En 2015, l'entreprise devrait exporter 11 % de sa production au Brésil. Elle regarde aussi le marché asiatique, notamment l'Inde.
Malgré le potentiel aux quatre coins du monde, les Amériques restent le marché stratégique d'exportation pour notre industrie, affirme Frédéric Côté, directeur général du TechnoCentre éolien : «La croissance proviendra surtout des États-Unis et de l'Amérique latine.»
30 %: Aux États-Unis, plus de 30 % de la nouvelle puissance électrique installée est d'origine éolienne. Source : American Wind Energy Association