D'importants projets au Canada et aux États-Unis, comme le remplacement du pont Champlain, pourraient regarnir les carnets de commandes de certains acteurs de l'industrie.
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Les principales firmes de l'industrie métallurgique du Québec connaissent des fortunes diverses. Pendant que les projets de transport en commun et d'infrastructures en entraînent certains vers le haut, la baisse du prix des métaux et le ralentissement des projets miniers en tirent d'autres vers le bas.
L'industrie de la fabrication métallique est sur le qui-vive. D'importants projets d'infrastructures au Canada et aux États-Unis, comme le remplacement du pont Champlain, pourraient garnir les carnets de commandes. Mais le choix récent en Alberta d'un consortium misant sur la compagnie sud-coréenne Daewoo pour fournir les structures d'acier utilisées dans le nouveau pont Walterdale, à Edmonton, soulève des inquiétudes.
«Un consortium dont faisait partie le groupe Au Dragon Forgé (ADF), de Terrebonne, avait aussi soumissionné à ce contrat», rappelle Philippe Blais, directeur général d'Alliance Métal Québec.
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En 2009, la valeur des importations dans le secteur de la fabrication métallique industrielle a surpassé celle des exportations. Depuis 2010, ce déficit annuel dépasse le milliard de dollars. Selon le comité sectoriel de main-d'oeuvre de la fabrication métallique industrielle, la Chine produit maintenant 53 % des importations d'articles de coutellerie et d'articles à main, 40 % des métaux ouvrés, 36 % des articles de quincaillerie et 35 % des ressorts et produits de fil métallique.
«La concurrence asiatique se fait surtout sentir dans les petites pièces simples à fabriquer, alors que les grosses structures lourdes et complexes sont faites ici, ajoute Philippe Blais. Mais si l'on donne maintenant ces contrats-là à des compagnies étrangères, ça va devenir difficile pour nos entreprises.»
Reste que les fabricants de grosses structures d'acier vont relativement bien au Québec. En octobre dernier, Groupe Canam faisait état de revenus consolidés de 849 millions de dollars après neuf mois en 2014, en hausse de 13,7 % par rapport à 2013, mais surtout d'un carnet de commandes record de 909 M$. Le 12 novembre, l'entreprise dévoilait un contrat de plus de 200 M$ dans le cadre de la construction du nouveau stade des Falcons d'Atlanta.
D'autres entreprises ont bien performé. Groupe ADF, pour ne nommer que lui, a connu une hausse de près de 50 % de ses revenus après six mois en 2014, en raison principalement du projet de l'amphithéâtre de Québec. La fin de ce projet, ainsi que des projets Syncrude, en Alberta, et de l'amphithéâtre de Trois-Rivières pourrait toutefois amorcer une tendance à la baisse.
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Des fabricants éparpillés
Le secteur de la fabrication métallique industrielle recouvre la fabrication de produits métalliques, de machines et de matériel de transport (en excluant l'aérospatiale). On y retrouve un peu plus de 3 300 entreprises, soit 13 % de moins qu'en 2005. La moitié d'entre elles comptent moins de 10 employés. Un problème en soi, selon Frédéric Chevalier, directeur général du Réseau de la transformation métallique du Québec.
«Le secteur a besoin d'investissements pour devenir plus productif, mais c'est difficile de gérer de gros investissements ou d'agrandir le parc machine quand on est une très petite entreprise, dit-il. Se regrouper ou se consolider permettrait de voir émerger des joueurs générant de plus grosses marges de profit, pouvant donc aller de l'avant avec de plus gros investissements.»
Cette difficulté touche notamment les quelque 800 ateliers d'usinage du Québec, lesquels pourraient bénéficier d'une grande automatisation en s'équipant d'appareils comme des fraiseuses numériques, par exemple. «Ceux qui le font deviennent très productifs, poursuit Frédéric Chevalier. Nétur, à Saint-Bruno, concurrence même les fabricants de l'Europe de l'Est dans leurs pays.»
Un contexte difficile
Pour sa part, l'industrie métallurgique, dont l'activité principale consiste à fondre et à affiner les métaux ferreux et non ferreux, comprend 124 établissements employant plus de 20 000 personnes. Plus de 60 % d'entre elles travaillent pour les quatre géants que sont Alcoa, ArcelorMittal, Glencore Xstrata et Rio Tinto.
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Le contexte économique n'a pas été favorable à tous les acteurs de ce secteur, en raison de la chute du prix des métaux. Rio Tinto Fer et Titane en a subi les contrecoups du côté de sa production de poudre de titane. Le ralentissement économique a fait chuter les ventes de peinture dans laquelle elle est utilisée. «Les inventaires mondiaux de dioxyde de titane sont trop élevés, explique le directeur général Sylvain Paul-Hus. Présentement, nous fonctionnons à peu près à 70 % de notre capacité de production. Nous ne prévoyons pas revenir au plein rendement avant 2019. Heureusement, ça va mieux du côté des billettes d'acier et de la poudre métallique.»
Ces difficultés n'ont pas empêché l'entreprise de construire son usine de récupération de dioxyde de soufre à l'usine de Sorel-Tracy, un investissement de 85 M$. L'usine, dont la mise en fonction devrait se faire en décembre 2014, réduira d'au moins 60 % les 11 000 tonnes de dioxyde de soufre émises chaque année par les installations de Sorel-Tracy.
L'oxygène est venu du côté des transports. Les nouveaux alliages, comme celui composé d'aluminium et de lithium, sont de plus en plus utilisés dans l'aviation et dans l'industrie automobile. Ces secteurs ont un souci majeur : alléger leurs véhicules pour réduire leur consommation d'énergie, et donc les émissions de gaz à effet de serre. Une étude de l'Université Trondheim, en Norvège, prévoit que, de 2010 à 2050, l'utilisation d'aluminium et de nouveaux alliages d'acier pourraient éliminer de 9 à 18 gigatonnes de ces GES. L'usine d'Alcoa, à Baie-Comeau, fournira d'ailleurs dès 2015 des plaques d'alliage à l'industrie automobile, ce qui nécessite des investissements de 25 M$.
À cela s'ajoutent les projets de trains ou de wagons de métro du consortium Bombardier-Alstom, qui donnent du travail aux fabricants québécois. Une tendance qui devrait se maintenir au cours des prochaines années.
9,3: Les exportations dans la fabrication métallique industrielle au Québec ont atteint 9,3 G$ en 2013, en très faible hausse par rapport à 2012, et les importations, 10,4 G$.
18,6: Le chiffre d’affaires de la fabrication métallique industrielle au Québec a atteint 18,6 G$ en 2013, soit 13,5 % de l’ensemble du secteur de la fabrication. Source : CSMO-F
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