Le constructeur TransCanada et le gouvernement canadien se sont dits déçus mercredi du rejet par Washington du projet d'oléoduc Keystone XL entre les sables bitumineux d'Alberta (ouest) et le sud des États-Unis, mais émis l'espoir qu'un nouveau tracé soit approuvé.
Le président américain Barack Obama a appelé mercredi le Premier ministre canadien Stephen Harper pour lui faire part de sa décision de rejeter le projet du groupe TransCanada tout en permettant à ce dernier de le réviser pour faire une nouvelle soumission.
"Le président (Obama) a expliqué que cette décision n'était pas liée au bien-fondé du projet et qu'elle avait été prise sous toutes réserves, c'est-à-dire que TransCanada est libre de transmettre une nouvelle demande", a indiqué M. Harper dans un communiqué.
M. Harper "a indiqué au président Obama qu'il espérait la poursuite de ce projet compte tenu de son importante contribution à l'emploi et à la croissance économique, tant au Canada qu'aux États-Unis", selon ce communiqué.
La société canadienne a presque immédiatement confirmé que telle était son intention.
"Nous allons faire une nouvelle demande pour un permis présidentiel et nous nous attendons à ce que cette nouvelle demande soit traitée rapidement, de façon à permettre la mise en service de l'oléoduc fin 2014", a indiqué son PDG, Russ Girling, dans un communiqué.
Le groupe canadien doit en effet redessiner le tracé de cet oléoduc afin d'éviter des zones naturelles fragiles de l'Etat américain du Nebraska.
L'oléoduc devait courir sur 2 700 km entre la province canadienne d'Alberta et le Golfe du Mexique, l'investissement représentant 7 milliards de dollars. Le projet devrait créer 20 000 emplois aux États-Unis et injecter 20 milliards de dollars dans l'économie américaine, selon TransCanada.
"Tant que cet oléoduc ne sera pas construit, les États-Unis vont continuer d'importer des millions de barils de pétrole provenant de points chauds au Moyen-Orient et au Venezuela et d'autres pays qui ne respectent pas les valeurs démocratiques des Canadiens et des Américains", a ajouté M. Girling, reprenant la thèse du "pétrole éthique".
L'un des arguments clés des partisans du projet d'oléoduc Keystone XL est que le pétrole canadien est "éthique" puisqu'il est pompé dans un pays respectant les droits de l'homme, une rhétorique visant selon les écologistes à détourner le débat de l'impact environnemental de cette source non conventionnelle d'hydrocarbure.
Les États-Unis sont les premiers clients du pétrole canadien. Les groupes pétroliers exploitant les sables bitumineux de l'Alberta, troisième réserve mondiale d'or noir, souhaitent doper la production, d'où l'importance pour l'industrie de construire un ou des pipelines pour utiliser cette source non conventionnelle de pétrole.
Le Premier ministre Harper a répété au président Obama que le Canada continuerait "à s'efforcer de diversifier ses exportations énergétiques". Le rejet du projet Keystone XL braque les projecteurs sur un autre oléoduc dans les cartons, le Northern Gateway, entre les sables bitumineux et la côte Pacifique canadienne.
La construction de ce pipeline permettrait d'exporter le pétrole canadien en Asie, notamment en Chine. Ce projet fait toutefois face à une vive opposition d'associations écologistes et de groupes autochtones canadiens.
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