La juge Danièle Mayrand a déterminé que de tels paiements étaient effectués pour rembourser des services rendus, et que l'entreprise n'était pas forcée de les faire pendant qu'elle se trouve sous la protection de ses créanciers.
Les syndicats s'étaient opposés à la demande des dirigeants d'AbitibiBowater.
Pour motiver leur opposition, les représentants syndicaux avaient rappelé que les régimes de retraite souffraient déjà d'un sous-financement évalué à 1,4 milliard $, et que l'interruption des paiements pendant la période de restructuration de l'entreprise rendrait la situation plus précaire encore.
La décision de la juge Mayrand n'affecte pas les paiements aux retraités actuels, qui continueront de recevoir les sommes dues.
Réactions syndicales
Les employés syndiqués de l’entreprise réagissent fortement à cette décision. Le président du syndicat de travailleurs forestiers, Dave Coles, a qualifié cette décision de «première salve dans une offensive plus vaste visant à priver les travailleurs de leur retraite».
«Évidemment, cette décision permet à la compagnie d'avoir des liquidités pour maintenir ses opérations pour un certain temps, mais en ne versant pas les montants nécessaires pour combler le déficit du fonds de pension des travailleurs, celle-ci hypothèque l'avenir des retraités et des travailleurs actuels», fait valoir le président de la Fédération des travailleurs du papier et de la forêt (FTPF-CSN), Sylvain Parent.
Le syndicat craint que si une faillite devait survenir par la suite, il y a de fortes chances que leurs rentes se détérioreraient davantage.
Dans le contexte, le syndicat invite la compagnie à la négociation. «Les décisions prises ne doivent pas être que judiciaires. AbitibiBowater doit négocier avec nous les enjeux entourant la restructuration de l'entreprise», a déclaré Sylvain Parent.
De son côté, Dave Coles fait appel au gouvernement fédéral pour qu’il se penche sur les régimes de retraite privés. «Les régimes de retraite dans les secteurs de la forêt, de l'automobile ou du transport, sont en difficulté partout au Canada. Le gouvernement fédéral doit s'assurer que les lacunes du système sont adressées de manière à aider la réorganisation de l'industrie tout en protégeant les travailleurs», conclut M. Coles.
Avec PC