Un troisième proche de Jean Charest vient de se mettre au service des promoteurs de l'industrie gazière.
Daniel Gagnier, chef de cabinet du premier ministre Charest entre 2007 et 2009, siégera dorénavant au sein d'un "conseil consultatif" créé par la société d'énergie Talisman inc., de Calgary, pour soutenir ses activités au Québec.
Dans un communiqué paru lundi, la société gazière et pétrolière précise que le conseil consultatif "fournira des directives" à la direction au sujet des activités de Talisman au Québec, entre autres sur les "observations à communiquer aux collectivités locales".
Aujourd'hui président de l'Institut international du développement durable, M. Gagnier a démissionné de sa fonction de chef de cabinet en septembre 2009, un délai suffisamment long pour se conformer à la directive du premier ministre en matière de conflit d'intérêts et de lobbying.
La directive impose un purgatoire d'un an au personnel d'un cabinet ministériel avant de joindre un organisme avec lequel ont été entretenues "des relations officielles, directes et importantes".
"Je ne suis ni lobbyiste, ni porte-parole pour l'industrie du gaz de schiste", a insisté M. Gagnier lors d'un entretien avec La Presse Canadienne.
"J'ai fait mon purgatoire et je n'ai plus de contact avec le gouvernement. Ils (Talisman) m'ont approché en raison de mon expérience dans le domaine du développement durable. Mon rôle est strictement interne", a-t-il expliqué.
M. Gagnier n'est pas le seul ancien chef de cabinet de M. Charest à s'associer aux promoteurs de la controversée filière gazière.
Son prédecesseur Stéphane Bertrand, qui a officié de 2003 à 2007 au bureau du premier ministre, a participé l'an dernier à la création de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), le puissant lobby des gaz de schiste présidé par André Caillé, ex-président d'Hydro-Québec.
L'organisme est aussi dirigé par une autre figure libérale connue, Stéphane Gosselin, recruté l'été dernier.
M. Gosselin est passé directement de chef de cabinet du ministre du Développement économique, Clément Gignac, à directeur général de l'APGQ.
Un ancien ministre libéral sous le leadership de Robert Bourassa, Raymond Savoie, figure également parmi les membres du conseil exécutif de l'association.
La proximité apparente du gouvernement libéral avec l'industrie des gaz de schiste irrite l'opposition péquiste qui réclame depuis des semaines un moratoire sur l'exploration et l'exploitation de la ressource.
Le député de L'Assomption et porte-parole de l'opposition en matière de mines, Scott McKay, estime que l'industrie a pris les moyens pour être "aux premières loges" et influencer directement le gouvernement en faveur de l'exploitation du gaz.
"Il n'y a plus rien que me surprend de la part de ce gouvernement, mais je me serais attendu à un peu plus de sensibilité en regard des préoccupations des Québécois dans ce dossier. Les gens ont raison de s'inquiéter", a résumé M. McKay.
M. McKay et sa collègue porte-parole de l'environnement, Martine Ouellet, devaient être à Longueuil lundi en soirée pour assister à la séance du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) portant sur les gaz de schiste.