Le ministre québécois de l'Environnement Pierre Arcand ne se laisse pas démonter par l'information voulant que deux entreprises engagées dans l'exploration du gaz de schiste mettent la pédale douce sur des projets au Québec.
Il ne voit pas là non plus l'occasion pour Québec d'imposer un moratoire, comme l'ont demandé à maintes reprises les groupes écologistes et les comités de citoyens, notamment.
Le Globe and Mail rapportait vendredi que Questerre et Talisman, deux des principales entreprises engagées dans l'exploration du gaz de schiste au Québec, ont reporté un programme de forage, à cause d'une rentabilité incertaine due au bas prix du gaz.
Mais déjà, dans le cadre des audiences du BAPE (Bureau d'audiences publiques sur l'environnement), des entreprises avaient abaissé la barre, affirmant que les projets sont plus coûteux au Québec parce qu'il faut y importer la machinerie spécialisée et qu'il existe peu de main-d'oeuvre spécialisée dans ce domaine.
Interrogé vendredi à Montréal, alors qu'il venait de rencontrer son homologue fédéral Jim Prentice, M. Arcand a rappelé que bien d'autres entreprises convoitaient des projets d'exploitation de gaz de schiste au Québec.
"Nous, notre plan de match au gouvernement, c'est de laisser travailler le BAPE, premièrement. La deuxième chose, c'est que des entreprises ont décidé d'arrêter pour quelque temps, mais d'autres vont continuer à le faire. Je vous rappelle qu'on est encore dans un stade d'exploration et qu'il n'y a aucune exploitation commerciale qui est prévue avant 2014 dans le cas du gaz. Donc, ça se peut qu'il y ait des arrêts, des reprises. Chacun investit de la façon dont il veut bien investir", a commenté le ministre Arcand.
Il a rejeté l'argument des opposants à l'exploitation de ce gaz de schiste, qui affirment que Québec précipite trop les choses. "Le processus a commencé en 2007 et il va se concrétiser, selon notre plan, en 2014. Je ne peux quand même pas vous dire qu'on est bien, bien pressé à ce niveau-là. Je ne vois pas, actuellement, ce qu'un moratoire pourrait apporter de plus", a-t-il ajouté.
Changement de ton
Par ailleurs, MM. Arcand et Prentice ont discuté de dossiers bilatéraux en matière d'environnement, portant sur les changements climatiques, la conservation et la mise en valeur du Saint-Laurent, le renouvellement de l'entente Canada-Québec sur les évaluations environnementales ainsi que la création d'un groupe de travail sur les urgences environnementales.
Mais c'est surtout le changement de ton qui était remarquable, quand on sait à quel point le dossier de la réduction des gaz à effet de serre et des changements climatiques opposait les gouvernements Harper et Charest, il n'y a pas si longtemps. Le premier ministre Jean Charest lui-même s'était mêlé du dossier des émissions de gaz à effet de serre pour critiquer publiquement les choix du gouvernement Harper en la matière.
Or, vendredi, le ministre Prentice parlait d'un "esprit de collaboration" entre les deux ministres de l'Environnement, de "progrès incroyables" et de "progrès extraordinaires" depuis leur première rencontre, en août dernier. Il s'en disait "ravi" et voulait poursuivre sur cette lancée.