Québec mandate le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour réaliser «une consultation élargie» sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste et compte déposer un projet de loi pour déclarer un moratoire sur cette industrie.
Le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Yves-François Blanchet, dit ainsi vouloir remplir une des promesses «les plus emblématiques» du Parti québécois.
Le gouvernement veut convaincre l'opposition de suspendre les certificats d’autorisation déjà délivrés à l’industrie et reporter toute nouvelle délivrance de permis, a indiqué le ministre en conférence de presse.
Cette dernière mesure devra passer le test de l’Assemblée nationale, où le PQ est minoritaire. «Son objectif est de déposer un projet de loi en collaboration avec l'opposition, dit l'attachée de presse du ministre, Catherine Salvail. On espère que ça se fera dans l'unanimité.»
Yves-François Blanchet veut ainsi s'assurer que la réglementation en vigueur, qui se traduit déjà, à toutes fins pratiques, par un moratoire, ne soit éliminée par un autre gouvernement si le PQ perd le pouvoir.
En outre, l’étude du Comité de l’évaluation environnementale stratégique (EES) sur le gaz de schiste, mis sur pied par le gouvernement Charest, est transférée au BAPE, qui réalisera une consultation sur la question sur la base des études scientifiques. «Permettre au BAPE de réaliser une consultation élargie ouvre la voie à une consultation harmonieuse et indépendante sur l'information qui sera alors disponible relativement à toute cette question des gaz de schiste au Québec», dit Catherine Salvail.
Le ministre réitère toutefois sa confiance en les travaux du Comité, qui devait diffuser bientôt les résultats de ses travaux.
CAQ ouverte, PLQ sceptique
CAQ ouverte, PLQ sceptique
Le projet de loi du ministre Blanchet devrait trouver une oreille attentive dans les rangs de la Coalition Avenir Québec (CAQ). «Notre position a toujours été très claire, dit Jean-François Del Torchio, porte-parole du parti, en entrevue avec LesAffaires.com. Tant que la technologie ne permet pas une exploitation sécuritaire, on est en faveur d’un moratoire.»
Le Parti libéral du Québec se montre plus sceptique. «On pense que c’est une opération de camouflage pour sortir des ondes le ministre de l’Éducation supérieure Pierre Duchesne, dont le sommet sur l’éducation est en train de déraper», dit Charles Robert, porte-parole de l’aile parlementaire des libéraux.
Selon les libéraux, la réglementation actuelle a déjà pour effet de créer un moratoire, en attendant les résultats de l’EES. «Nous pensons qu’il ne veulent pas être confrontés à des informations scientifiques qui pourraient les pousser à prendre des décisions difficiles, considérant les valeurs d’Yves-François Blanchet et de Martine Ouellet, qui se sont déjà clairement prononcés contre les gaz de schiste», ajoute Charles Robert.
Après l'élection de l'automne dernier, la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Martine Ouellet, avait évoqué des possibilités de conflit d'intérêts au sein des membres du comité de suivi de l'EES.
Sur son compte Twitter, le ministre Blanchet a quant à lui déclaré que «rien ne milite présentement pour le gaz de shale, pas même l'économie».
Avec la Presse canadienne