Les administrateurs de CVTech restent en poste. L’administrateur dissident, Guy Aubert, n’a pas réussi à obtenir l’appui nécessaire pour renverser le conseil d’administration, a annoncé le scrutateur lors d’une assemblée des actionnaires qui s’est tenue mercredi dans le cafouillis.
L’entreprise d’entretien de lignes de transport et de distribution d’électricité aura obtenu l’appui d’actionnaires représentant 71,89% des votes. Le poids de la dissidence est de 28,11%, soit environ à mi-chemin de la majorité nécessaire.
Dès l’ouverture de l’assemblée, M. Aubert a reconnu sa défaite. «J’ai été informé que la direction a obtenu l’appui de la majorité des actionnaires, a-t-il déclaré au micro placé au milieu de l’assemblée. Je respecte la décision et retire ma contestation.»
Le litige
Guy Aubert est le deuxième actionnaire en importance de l’entreprise de Drummondville. Il détient 13,8% du capital-actions. C’est aussi l’ancien propriétaire et président de Thirau, vendue à CVTech en 2005. Il est resté à la direction de la nouvelle filiale jusqu’à sa retraite en 2010, mais a conservé son poste d’administrateur qu’il occupe depuis 2005.
Dans les grandes lignes, le dissident dénonce la sous-performance de l’action de la société et critiquait certaines décisions de la direction. La société, pour sa part, alléguait qu’elle agit déjà pour corriger le tir et que M. Aubert, en tant qu’administrateur, avait déjà approuvé ses choix.
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À la fin de l’assemblée, le pdg, Andrée Laramée, est revenu sur la tentative de putsch en remerciant les actionnaires d’avoir accordé leur confiance à l’équipe en place. «Nous éprouvons la même frustration pour la sous-performance de l’action, a-t-il ajouté. Dans un contexte d’incertitude, les investisseurs délaissent les petites sociétés pour d’autres plus grandes, dont le titre est plus liquide. »
Rencontré après l’assemblée, Guy Aubert semblait déçu, mais serein. Il a expliqué le résultat par le vote des actionnaires institutionnels qui se sont rangés derrière l’équipe en place. Selon lui, le rapport «prudent» du cabinet Institutional Shareholder Services Canada (ISS) les aura incités à ne pas se rebeller. Le cabinet Glass Lewis a, lui aussi, émis un avis favorable à l’équipe en place. Rappelons que le Fonds de solidarité FTQ est le premier actionnaire (23,8%).
«Je pense que nous avons pu constater que nous avons obtenu l’appui des actionnaires qui ont moins de poids, mais qui sont plus nombreux», s’est-il félicité.
Malgré ce revers, l’ancien dirigeant de Thirau croit que sa démarche n’aura pas été vaine. «Nous avons fait notre travail, a-t-il commenté. Nous avions une alerte à sonner; on l’a sonné. Maintenant, c’est à tout un chacun de continuer à suivre la société.»
Sans affirmer qu’il renonce à une prochaine contestation, M. Aubert a semblé vouloir donner la chance aux administrateurs. Il dit aussi souhaiter rester en poste au conseil, et travailler avec ses collègues qu’il a contestés.
«Je n’ai pas d’idée arrêtée là-dessus [le dépôt d’une autre procuration de contestation l’an prochain], a-t-il répondu. Je ne suis pas en guerre contre le conseil en place. Nous avions des choses à faire valoir. Peut-être que cela donnera des résultats.»
L’action a bien réagi à la décision des actionnaires. L’action a gagné 1,96% à 1,04$.
Cafouillis
L’assemblée des actionnaires s’est tenue dans une certaine confusion. La séance a été retardée de plus de deux heures alors que les scrutateurs procédaient au décompte des votes. La direction a prévenu à deux reprises les participants que la rencontre serait retardée d’une trentaine de minutes. Elle n’a cependant pas fait le suivi pour l’heure suivante.
Au début de l’assemblée, la direction a été contrainte de la suspendre pour comptabiliser le poids des votes dissidents, à la demande d’un actionnaire. Officiellement, la société n’a pas comptabilisé le vote des dissidents puisque M. Aubert a retiré sa contestation constatant ne pas avoir le nombre de votes suffisants.
Les participants ne pouvaient donc pas savoir le nombre d’actionnaires ayant exprimé leur dissidence. «Par soucis de transparence», la direction a demandé au scrutateur de faire le décompte qui aura duré une quarantaine de minutes.