Gaz Métro continue d’étudier le prolongement de son gazoduc de Saguenay à Sept-Îles. Mais il pourrait coûter plus que le coût annoncé de 750 M $, reconnaît la pdg du distributeur gazier et électrique montréalais, Sophie Brochu.
«Je ne serais pas surprise que ce soit à la hausse, je ne serais pas surprise que ce soit au même coût non plus, dit-elle. Le coût annoncé vient d’une évaluation préliminaire. L’investissement final sera fonction du choix du tracé. Entre le Saguenay et Sept-Îles, le territoire est complexe : il y a des montagnes, des rivières à traverser… La longueur du tracé, la complexité des rivières à franchir va finir par influencer le coût.»
En marge d’une rencontre qu’a organisée le Cercle finance et placement du Québec le 30 janvier, elle ajoute que les discussions avec les clients potentiels sur la Côte-Nord se poursuivent. La pdg insiste sur l’importance des clients industriels : les alumineries, les usines de bouletage de fer et les forestières, qui consommeraient le gros du volume de gaz amené sur la Côte-Nord par ce tuyau de 450 kilomètres.
«Ils nous ont tous dit : “C’est sûr qu’on prendrait le gaz si on l’avait”, dit Sophie Brochu. Mais ils réalisent des études dans leurs installations pour voir jusqu’à quel point ils pourraient s’engager. Les discussions sont en cours.» Aucun d’entre eux n’a encore signé d’engagement ferme. Gaz Métro ne sait d’ailleurs pas encore quel tarif elle leur imposerait.
Protection contre la hausse des taux
Protection contre la hausse des taux
Devant un parterre de banquiers et d’investisseurs, la pdg a vanté la qualité de l’investissement que représente le titre de Valener, la société publique propriétaire à 29 % de Gaz Métro. «C’est un placement hallucinant pour se protéger de la hausse des taux d’intérêt», insiste-t-elle.
Elle explique que les revenus de Gaz Métro, au Québec, et de sa filiale Green Mountain, au Vermont, sont fixés par des régulateurs, qui leur accordent un «taux de rendement». Ce taux est fixé à partir du taux des obligations nationales à long terme, auquel une prime est ajouté. Au Québec, la Régie de l’énergie utilise le taux Canada long terme comme base de calcul.
Quand ce taux remontera, les tarifs de Gaz Métro suivront la même courbe. «Pendant que les taux baissaient, on en profitait pour faire des acquisitions», dit Sophie Brochu.
Depuis 2006, la valeur des actifs de Gaz Métro est passée de 2,8 G $ à 5,1 G $, et son nombre de clients, de 206 000 à 492 000. «Ça nous a permis de maintenir notre dollar de distribution annuelle malgré la baisse des taux», explique-t-elle.
Lorsqu’ils remonteront, les investisseurs pourront bénéficier des ces investissements et de leur impact sur les revenus de l’entreprise, assure Sophie Brochu. «Dans dix ans, le prochain pdg va prendre toute la gloire, puis ça, ça va être super ! » conclut-elle en faisant s’esclaffer la salle.