Confrontée aux prix élevés des fibres recyclées, qui sont là pour rester, Cascades (TSX:CAS) a mis en vente cinq de ses usines les moins performantes et accélérera la modernisation de ses autres installations.
Depuis plusieurs trimestres, l'entreprise de Kingsey Falls pâtit de l'appréciation du dollar canadien et de la flambée des prix du papier usagé. Ces derniers ont crû de plus de 80 pour cent en 2010, en raison principalement de la demande chinoise, qui a fortement repris après avoir connu un creux en 2009.
Au premier trimestre de 2011, qui a pris fin le 31 mars, Cascades a ainsi essuyé une perte nette de 8 millions $ (huit cents par action), alors qu'elle avait dégagé des profits nets de 1 million $ (un cent par action) pendant le même trimestre de 2010.
Les ventes ont pourtant progressé de deux pour cent pour atteindre 774 millions $.
En plus de faire les frais de la force du huard et des prix élevés de la fibre, l'entreprise a fait face à l'augmentation du coût de la pâte, de l'énergie, des produits chimiques et du transport. Se sont ajoutés à cela des frais de fermeture et de restructuration de 3 millions $, de même que des pertes comptables totalisant 9 millions $.
Même s'ils étaient "prévisibles", ces résultats "ne sont pas acceptables", a reconnu jeudi le président et chef de la direction de Cascades, Alain Lemaire, devant les actionnaires réunis en assemblée annuelle à Montréal.
Une fois de plus, l'entreprise a promis de réagir rapidement pour freiner l'hémorragie. Elle a mis en vente cinq de ses usines, que M. Lemaire n'a pas voulu identifier. On espère en tirer une somme de 100 millions $ qui pourrait servir à réduire l'imposante dette de Cascades, laquelle se chiffre à 1,1 milliard $.
L'entreprise resserrera également la gestion d'autres installations problématiques.
"Ce qu'on veut, c'est donner un soutien à ces usines avec des gens techniquement compétents dans des domaines très spécifiques afin de leur donner une vraie chance de passer au travers", a expliqué le nouveau chef de l'exploitation de Cascades, Mario Plourde.
"Si on voit qu'on ne peut pas redresser les activités, eh bien à ce moment-là, il faudra prendre des décisions plus difficiles", a-t-il ajouté, en faisant allusion à d'éventuelles fermetures.
Les employés pourraient devoir consentir un effort supplémentaire, a prévenu Alain Lemaire. "On est dans une situation où il faut trouver ensemble toutes les solutions possibles pour nous améliorer et c'est important de les mettre dans le coup", a-t-il affirmé.
Cascades mettra en outre les bouchées doubles pour accroître la productivité et l'automatisation de ses usines. Ses dirigeants comptent investir 100 millions $ par année, et ce, pendant trois ou quatre ans, afin de faire en sorte qu'une bonne partie des installations rejoignent les meilleures de l'industrie.
Cette somme s'ajoutera aux dépenses en immobilisation de 150 à 175 millions $ que l'entreprise effectue déjà chaque année et aux 80 millions $ qu'elle investira sur trois ou quatre ans pour améliorer ses systèmes informatiques.
Pour assainir son bilan, Cascades a déjà vendu plusieurs actifs. Elle vient de réaliser la plus importante cession de son histoire en disant adieu à sa division d'emballages pour la restauration rapide, Dopaco, une transaction "douloureuse" qui lui a néanmoins rapporté 337 millions $ US.
Au cours des prochains trimestres, Cascades profitera d'une hausse des prix de vente de ses produits. L'entreprise prie seulement pour que les coûts des fibres recyclées n'augmentent pas d'autant.
Dans une note, l'analyste Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins, a dit s'attendre à ce que les résultats de Cascades s'améliorent plus tard en 2011 et au début de 2012.
Par ailleurs, comme Cascades s'est engagée à faire passer de 41 à 50 pour cent, d'ici 2012, sa participation dans le fabricant italien de carton Reno De Medici, elle pourra consolider les résultats de ce dernier aux siens à partir du deuxième trimestre, ce qui lui sera favorable.
L'action de Cascades a perdu 2,1 pour cent jeudi pour clôturer à 6,12 $, à la Bourse de Toronto.