Il est rare qu'une entreprise vende un actif performant et que cette transaction reçoive l'assentiment des investisseurs et des analystes, car la décroissance est généralement mal perçue. C'est pourtant ce qui vient de se passer avec Cascades qui s'est départie de l'une de ses filiales.
En effet, l'entreprise de Kinsey Falls annonçait le 11 mars la vente de Dopaco, sa filiale à part entière, à Reynolds Group pour 400 millions de dollars américains (M$ US) au comptant. Résultat : l'action s'est appréciée de près de 14 % depuis, et les analystes ont haussé leur cours cible.
L'objectif premier était de réduire la dette, confirme Allan Hogg, chef de la direction financière. À la suite de la transaction, la dette nette de Cascades tombe à 1,1 milliard de dollars (G$), soit 40 % de moins qu'il y a deux ans à peine. La dette représente maintenant 45 % de la capitalisation totale de la société fondée en 1964, par rapport à 54 % avant la transaction.
Moins endettée, Cascades est en meilleure position pour réaliser son plan stratégique, poursuit M. Hogg. " Nous pourrons moderniser notre parc d'actifs et ainsi offrir de meilleurs produits tout en diminuant nos coûts ", dit-il.
La vente de Dopaco, qui se spécialise dans les produits de restauration rapide, permet à Cascades de recentrer ses activités. Elle se concentrera sur ses activités de papiers sanitaires, d'emballage et de récupération. En vertu d'un accord d'une durée de cinq ans, Cascades continuera à fournir du carton plat à Dopaco.
L'entreprise des frères Lemaire détient également 13 millions d'actions de Boralex, qu'elle n'a pas l'intention de vendre au cours actuel.
Un prix alléchant
De l'avis tant des analystes que des dirigeants de Cascades, Dopaco a constitué un excellent investissement. " La décision de vendre a été difficile à prendre ", assure Allan Hogg.
Mais le prix était alléchant. La valeur de la transaction représentait 7 fois le BAIIA (bénéfices avant intérêts, impôt et amortissement) de Dopaco, ce qui est supérieur au multiple auquel le titre de Cascades s'est négocié au cours des derniers mois, soit entre 5 et 6 fois son BAIIA, note Hugues Bourgeois, analyste à la Financière Banque Nationale.
La vente de la filiale n'a pas été le seul événement important chez Cascades récemment. Le 23 février dernier, Mario Plourde a été nommé chef des opérations, un poste créé pour lui. C'est la première fois qu'une fonction aussi élevée dans l'organigramme de l'entreprise est confiée à une personne extérieure à la famille Lemaire, qui possède toujours 32 % des actions de la société.
Cette décision, qui démontre qu'un plan de relève est en place, rassure les investisseurs, selon Pierre Bernard, gestionnaire de portefeuille à l'Industrielle Alliance.
Un titre cyclique
L'action de Cascades est intéressante pour ceux qui croient que la reprise économique se poursuivra, croit le gestionnaire. " Cascades est d'abord une entreprise d'emballage, et ce type de société prospère lorsque l'économie va bien ", dit-il.
Cascades doit toutefois composer avec le prix de la fibre, particulièrement volatil depuis deux ans. Il est actuellement très élevé, mais Cascades a néanmoins réussi à maintenir ses marges bénéficiaires en haussant ses prix elle aussi. Toutefois, si le coût de la fibre continue de grimper, pourra-t-elle encore majorer ses prix ? " La volatilité des prix fait partie intégrante du jeu, mais, à plus long terme, le balancier revient toujours ", dit Allan Hogg.
Les résultats de l'entreprise québécoise auront toujours un caractère cyclique, mais le dividende de 2,1 % au cours actuel de l'action constitue un facteur de stabilité, selon Pierre Bernard. " Les liquidités générées par les activités sont amplement suffisantes pour maintenir ce dividende ", dit-il.
Cascades a également annoncé son intention de racheter un peu plus de 4,8 millions de ses actions, soit environ 5 % des titres en circulation, dans le cadre d'un programme approuvé par la Bourse de Toronto.
Six analystes qui suivent l'entreprise québécoise ont annoncé des révisions à la hausse de leur cours cible durant les 12 prochains mois. Leurs prévisions vont de 8 à 12 $. Pour sa part, Pierre Bernard limite son cours cible à 8 $ pour l'instant, mais il ne serait pas surpris que le titre grimpe jusqu'à 10 $.
Rappelons que Cascades emploie près de 12 500 personnes réparties dans plus de 100 unités d'exploitation en Amérique du Nord et en Europe.
Le titre (Tor., CAS, 7,51 $) a tout de même perdu 6,16 % depuis un an
Source : Bloomberg, 11 avril 2011