Gaz Métro a finalisé l’acquisition du distributeur d’électricité Central Vermont Public Service Corporation, le plus important distributeur d’électricité du Vermont. L’entreprise sera regroupée au deuxième plus important distributeur d’électricité du même État américain, Green Mountain Power (acquise en 2007). La pdg Sophie Brochu, répond aux questions de LesAffaires.com.
L’approbation de la transaction par les organismes réglementaires a pris près d’un an. Rappelez à nos lecteurs ce que cette acquisition apporte à Gaz Métro.
Cette transaction s’inscrit dans notre stratégie, qui est de nous diversifier dans des marchés et des activités avec lesquels on se sent confortable. On est présent au Vermont depuis 25 ans avec la distribution de gaz naturel et dans l’électricité depuis 2007 avec l’acquisition de Green Mountain Power.
Au Vermont, il y a une vingtaine de distributeurs d’électricité pour une population de 600 000 personnes. Il y avait plusieurs municipalités qui ont leur propre réseau, mais il y avait deux plus importants distributeurs qui étaient cotés en Bourse. On se disait que ça avait du sens de les regrouper pour offrir des prix moins élevés à nos clients. Ça fait depuis un certain temps que cette option est sur notre table à dessin.
Qu’est-ce que la transaction apporte aux actionnaires de Valener, qui détient 29% de Gaz Métro ?
La transaction accroît nos revenus et nos bénéfices. Les analystes vont faire leur boulot. En termes de prévisions, je crois que ça va bien être compris par les marchés. Pour nous, c’est une acquisition de 500 millions. Ça porte la valeur de notre actif à 5 milliards, dont deux milliards seront au Vermont.
Vous possédez maintenant les deux plus importants distributeurs d’électricité du Vermont. Est-ce que vous songez à vous implanter ailleurs?
On demeure à l’affût d’acquisitions potentielles. Ce qu’on fait au Vermont est tout de même considérable comme investissement. Nous avons réinvesti presque autant d’argent que nous en avons mis pour acquérir Green Mountain Power. Lorsqu’une entreprise existante a un potentiel de croissance intrinsèque, on regarde ça avec beaucoup de bonheur. C’est le même raisonnement qu’on fait quand on contemple la possibilité de s’en aller sur la Côte-Nord [les étude de faisabilités seront terminées vers la fin de l’année 2012 ou début de l’année 2013, ndrl.]. Il n’y a pas d’achalandage. On investit dans le dur de nos actifs et ça aussi financièrement c’est quelque chose qui est attrayant.
À la page suivante Mme Brochu discute économie et gaz de schiste.
Vous avez dit à quelques reprises que le faible prix du gaz naturel rend cette ressource plus concurrentielle pour la vendre à la clientèle d’entreprises. Êtes-vous satisfaite de la réponse jusqu’à maintenant?
La réponse est excellente. Les industries qui ont accès au gaz naturel font le changement. Celles qui n’y ont pas accès veulent y avoir accès. Pour les industries, le gaz naturel leur permet de réduire leur coût. Elle permet aussi de réduire l’empreinte environnementale, car le gaz produit moins d’émission que le mazout.
Le prix du gaz naturel est à un creux historique. Est-ce que vous croyez que cela peut poser problème pour l’exploitation du gaz de schiste au Québec?
Quand le prix d’une commodité est faible, c’est certain que ça devient plus difficile de rentabiliser de nouvelles opérations. Quand les investissements sont déjà faits, c’est une chose, mais d’initier de nouveaux forages ça dépend de différents éléments. Nous ne produisons pas de gaz alors ce n’est pas notre domaine d’expertise. Il est certain que lorsque les prix d’une commodité sont faibles, ça ne se bouscule pas au portillon. Cette réponse ne prend pas en compte le fait qu’il y a un moratoire pour développer les technologies qui sont acceptables pour les Québécois.
En tant que dirigeante d’entreprise, vous tâtez le pouls de l’économie quotidiennement. Quel est votre diagnostic?
C’est très difficile de lire l’économie actuellement. En fait, il y a des sections qui vont bien et d’autres qui battent de l’aile.
Quand on regarde le Canada et le Québec, on dirait que nous sommes dans une minibulle. J’ai de la difficulté à croire que nous ne serons pas affectés par les soubresauts européens. Quand on prend l’avion en Europe, on voit que les populations souffrent. La morosité tranche avec ce qui se passe au Québec. Ce n’est pas parfait, rien de là, mais on s’en tire bien par rapport à ce qui se passe en Europe.
Comme dirigeant d’entreprise, il faut demeurer prudent. Il n’y a pas de doutes que les taux d’intérêt actuels favorisent les acquisitions. Au taux d’intérêt actuel, c’est le temps de le faire, mais il faut demeurer prudent.