PRIMEUR. Cogeco veut en savoir davantage quant aux intentions de Québec au sujet de politiques qui pourraient favoriser l’essor de concurrents liés au secteur public municipal, a appris LesAffaires.com. Les interrogations du câblodistributeur montréalais surviennent au moment où Magog tente de déployer un réseau de télécommunications sur son territoire.
L’entreprise souhaite obtenir des éclaircissements sur les visées du gouvernement par rapport aux projets inspirés du concept de «ville intelligente». L’une des caractéristiques de cette approche est de miser sur les infrastructures de télécommunications à la fine pointe.
«Ces projets-là seront nombreux, il n’y en aura pas juste à Magog, répond René Guimond, vice-président, affaires publiques et communications chez Cogeco. Étant dans l’industrie, on est très intéressé par ça. On veut avoir une discussion avec le gouvernement afin de comprendre qu’elle est leur position par rapport à cette tendance.»
Cogeco mène ces démarches tandis que Magog Technopole tente de déployer un réseau de télécommunications à large bande passante sur son territoire. L’entité créée par la municipalité pour attirer les entreprises technologiques effectue un sondage d’intérêts afin de déterminer s’il y a assez d'acteurs capables de soumissionner à un appel d’offres pour qu’il soit concurrentiel.
Magog Technopole veut permettre le téléchargement d’un plus grand volume de données. On vise une capacité de 1 Go par seconde pour les ménages et de 10 Go par seconde pour les entreprises. Dans les circonstances actuelles, une telle utilisation de la bande passante à Magog est trop coûteuse, a expliqué Michel Lamontagne, président du conseil d’administration de Magog Technopole.
Le projet est présenté comme un remède au déclin du secteur industriel dans la ville de l’Estrie en attirant les entreprises ainsi qu’en encourageant l’entrepreneuriat technologique et le travail autonome. «Magog a perdu 4000 emplois en cinq ans, rappelle Vicki May Hamm, la mairesse. Pour une ville de 25 000 habitants, c’est beaucoup.»
Des inquiétudes
Au départ, Cogeco s’est inscrit au Registre des lobbyistes du Québec en raison des inquiétudes que suscitait ce projet. «Cogeco, fournisseur numérique à Magog, souhaite sensibiliser le ministre responsable qu’il pourrait s’agir d’une concurrence déloyale, et si tel est le cas qu’une orientation afin d’y remédier [sic]. », peut-on lire dans le document.Le mandat a commencé à la fin mars. C’est Francine La Haye, du cabinet de relation publique Nationale, qui en est responsable. Elle recevra des honoraires de moins de 10 000$.
M. Guimond affirme que le mandat de lobbying a changé depuis. L’entreprise ne s’inquiéterait plus du projet de Magog. Elle demanderait maintenant des informations plus générales au sujet des politiques gouvernementales liées au concept de ville intelligente. «Il y a eu des discussions et une meilleure compréhension», répond le porte-parole.
Au Commissaire au lobbyisme, on confirme que Cogeco a envoyé une demande de modification le mercredi soir, après l’appel de LesAffaires.com. Il n’a pas été possible de consulter le contenu du nouvel enregistrement. Les changements doivent être approuvés par le bureau du commissaire avant d’être rendus publics, ce qui peut prendre une ou deux journées.
M. Guimond n’a pas voulu expliquer de quelle façon le concept de ville intelligente pouvait influencer les activités de Cogeco. Louis Audet, le pdg, a refusé d’en discuter en marge de son allocution devant le Cercle finance et placement du Québec, tenue à Montréal jeudi.
Vicki May Hamm n’est pas surprise que le projet ait pu inquiéter des entreprises comme Cogeco. «C’est sûr que ça peut leur faire peur, car c’est différent de leur modèle traditionnel», répond-elle.
Après consultations, les acteurs de l’industrie comprendront que la tendance mène inévitablement vers le développement selon les principes de la ville intelligente, croit la mairesse. Les télécoms et câblodistributeurs y verront même des occasions d’affaires tandis que la municipalité se cherche des partenaires, ajoute-t-elle.
Michel Lamontagne dit ne pas avoir eu vent des inquiétudes de Cogeco. «Nous n’avons aucune indication que qui que ce soit s’est plaint de quoi que ce soit, répond le président du conseil de Magog Technopole. C’est évident que si on pose de la fibre optique, ça va déranger les joueurs qui sont là.»
Les entreprises de télécommunications qui ne seront pas choisies par Magog technopole ne seront pas exclues par un monopole endossé par le public, assure M. Lamontagne et Mme Hamm. Les règles du Conseil de radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) empêchent de profiter d’une situation monopolistique.