Le président de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, rencontrera dans les prochains jours les représentants d'une quinzaine de syndicats de différents médias qui demandent à l’institution d’être plus active pour favoriser un règlement du conflit au Journal de Montréal.
Les représentants de ces syndicats estiment que la Caisse de dépôt peut faire une différence dans le dossier du lock-out du Journal de Montréal puisque l’institution est un important actionnaire de Quebecor Média. Fait à noter, le Syndicat des employés de TVA, qui est également propriété de Quebecor Média, fait partie du groupe.
Le porte-parole de la Caisse de dépôt, Maxime Chagnon, précise que Michael Sabia avait accepté de rencontrer les représentants syndicaux des autres médias pour entendre leur point de vue.
"Ce lock-out-là a des répercussions beaucoup plus grandes que seulement une relation entre son employeur et les employés", a fait valoir l'un des porte-parole du groupe, Alec Castonguay, du syndicat du Devoir.
"Un média, ce n'est pas une entreprise comme les autres; ce n'est pas une entreprise qui fait des lumières de Noël ou des sièges de toilette; c'est une entreprise qui s'occupe de la santé de la démocratie, qui surveille l'intérêt public. Et quand on a une entreprise comme celle-là qui est en lock-out, qui est privée donc de ses journalistes, de ceux qui produisent l'information, ça a inévitablement une répercussion sur la qualité du débat au Québec", a-t-il ajouté.
Les représentants syndicaux ont formulé trois demandes: que la Caisse, qui détient 45 pour cent des actions de Quebecor Média, intervienne plus activement auprès du géant médiatique pour que ce dernier s'entende avec son syndicat; que les dispositions anti-briseurs de grève du Code du travail soient modifiées pour tenir compte des nouvelles technologies qui permettent le travail hors de l'établissement; qu'une commission parlementaire se penche sur le phénomène de la concentration des médias.
Le lock-out des 253 syndiqués du Journal de Montréal a été déclenché il y a 21 mois. Les syndiqués ont récemment rejeté à 89,3 pour cent les offres de la direction qui exigeait notamment que les employés mis à pied, soit 80 pour cent d'entre eux, s'abstiennent d'aller travailler pour des concurrents pendant six mois, en plus d'exiger la fermeture de leur site Web d'information Rue Frontenac.
"Quand on a vu les dernières offres de Quebecor, qui demandait de fermer Rue Frontenac, qui demandait de ne pas aller travailler à La Presse ni Cyberpresse, là on s'est dit: 'il y a plus que seulement un petit conflit-là; on est devant une entreprise qui essaie de mettre à terre un syndicat, qui essaie de mettre 80 pour cent de ses journalistes à pied, sans leur permettre de travailler ailleurs après'. Là, on s'est dit: 'ça, ça touche toute la classe journalistique"', a dit M. Castonguay.
C'est à partir de ce moment que le mouvement d'appui et la volonté de sortir publiquement en appui aux lockoutés ont fait boule de neige, a-t-il expliqué.
Les syndicats signataires de la déclaration commune sont ceux de Radio-Canada, de l'unité locale de La Presse Canadienne à Montréal, du Devoir, de TVA, de La Presse, du Soleil, du magazine Urbania, du journal Les Affaires, du Progrès du Saguenay, du Droit, de la Voix de l'Est, du Nouvelliste, de The Gazette, de Corus et de la Tribune. S'ajoute à la liste l'Asociation des journalistes indépendants du Québec.
M. Sabia avait déjà rencontré des représentants du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal, affilié à la CSN, il y a plusieurs mois. La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, siège également au conseil de la Caisse de dépôt. Elle a indiqué, encore récemment, avoir fait tout ce qu'elle pouvait à ce sujet en vertu de son poste.