Les dirigeants de Bell et Astral en ont surpris plus d’un en annonçant leur projet de lancer un service d’information francophone national, lors des audiences du CRTC visant à approuver leur union lundi à Montréal.
Le président et chef de la direction de BCE, George Cope, s’est défendu d’en profiter pour faire un lancement de produit. Mais il juge qu’il fallait l’annoncer pour contrer la « campagne de désinformation » menée par plusieurs concurrents s’opposant à l’acquisition d’Astral par Bell.
Selon M. Cope, la charge menée depuis quelques semaines par Québecor et Cogeco utilise illégalement la marque de Bell, en plus de « diaboliser la transaction, jusqu’à un niveau absurde ».
Les deux entreprises « préféreraient voir cette transaction bloquée plutôt que de faire face à plus de concurrence », a lancé M. Cope dans les premières minutes de sa présentation.
Pour l’instant, les détails sur ce nouveau service d’information ont filtré au compte-goutte, la présentation de Bell et Astral n’étant pas terminée. Il en va de même pour leur projet de télévision sur demande visant à lutter les Netflix et autres services en ligne étrangers.
La nouvelle unité nationale d’information doit être basée à Montréal, selon les déclarations de M. Cope. Quand à la plateforme de télévision sur demande, elle sera disponible à tous les Canadiens, peu importe leur fournisseur, que ce soit pour le câble, par satellite ou par télévision IP.
En plus de s’attarder à plusieurs reprises sur la campagne d’opposition à la transaction, Bell a insisté sur le fait qu’il faut des gros joueurs solides dans le secteur des télécommunications afin de protéger l’industrie canadienne de la télévision.
Les dirigeants des deux entreprises ont entre autres pris l’exemple des Netflix, Google, Apple et Amazon, qui concurrencent la télévision traditionnelle canadienne sans être soumis par le CRTC. Leurs parts de marché croissantes introduisent davantage de contenus étrangers, plaide Bell.
« Il n’y aura plus rien de canadien à regarder si nous ne permettons pas de protéger le marché, a laissé tomber Ian Greenberg, président et chef de la direction d’Astral. Il nous faut des gros joueurs pour y arriver ». À son avis, la télévision payante d’Astral constitue la première ligne de défense face aux services sur demande en ligne.
Celui qui a vendu l’entreprise qu’il a fondée soutient que la transaction est bonne pour l’industrie canadienne des télécommunications, puisque si le secteur continue de se fragmenter, il ne sera plus assez fort pour résister à la concurrence internationale.
« Le système de radiodiffusion canadien a besoin d’entreprises qui ont les moyens nécessaires pour concurrencer les diffuseurs de contenus étrangers comme Netflix, Apple, Google et Amazon, a insisté M. Cope. Plus de 10 % des Canadiens sont maintenant abonnés à Netflix, qui représente plus de 11 millions d’heures de visionnement de télévision chaque semaine. Avec une plus grande envergure, les entreprises canadiennes sont en mesure de réaliser les investissements nécessaires en contenu canadien et dans la technologie pour affronter sur un pied d’égalité ces concurrents mondiaux bien financés ».
Bell s’est aussi opposé à d’hypothétiques conditions du CRTC obligeant le maintien de stations locales ou l’exploitation d’Astral en tant qu’entité indépendante. À chaque fois, l’entreprise a plaidé qu’elle ne devrait pas se voir imposer des conditions que les autres concurrents n’ont pas.
Un point de presse de Bell doit avoir lieu en fin d’après-midi lundi, lorsque leurs représentations sur l’approbation de la transaction Bell-Astral seront terminées. L’audience reprend à 16h.
Les réactions devant le CRTC des intervenants, dont Québecor, commenceront demain.