L’argument de Bell voulant qu’il faut des gros joueurs solides au Canada pour lutter la concurrence internationale est un faux débat, plaide cet après-midi le président et chef de la direction de Cogeco Louis Audet devant le CRTC.
« On s’en sert pour créer un géant qui accaparera 42 % des heures de visionnement de télévision au pays », a expliqué M. Audet lors de l’audience visant à approuver l’acquisition d’Astral par Bell.
Lundi le président de Bell, George Cope, mentionnait que pour contrer la télévision sur demande sur Internet, offerte par des sociétés comme Netflix qui ne sont pas soumises au CRTC, il faut des entreprises assez grosses et solides au Canada pour permettre la production de contenus canadiens.
Selon M. Audet, les 11 millions d’heures de télévision écoutées par les Canadiens sur Netflix par semaine représentent 1,5 % des heures d’écoute dans le marché anglais et 1,2 % des heures pour le marché francophone. Au total, il s’écoute 713 millions d’heures de divertissement télévisuel au pays chaque semaine.
Il ne faut pas des géants « mais laisser aller la créativité », a insisté M. Audet.
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Des consommateurs pris dans un étau
Selon Cogeco, la réalisation de cette transaction équivaut à faire disparaître « le plus important producteur et programmateur indépendant de contenus audiovisuels au Québec et au Canada, le principal concurrent de Bell et de Québecor dans la fourniture de services de télévision spécialisée et payante dans le marché francophone » et un siège social dans le secteur des communications et de la culture.
Aussi, les consommateurs québécois se retrouveront « pris dans un étau entre deux groupes intégrés verticalement [NDLR Bell et Québecor], et avec une source de programmation indépendante en moins », soutient M. Audet.
À son avis, il est contradictoire que Bell soutienne que la réglementation sur l’intégration verticale permettra d’éviter des abus, alors qu’elle a dénoncé ce cadre il y a moins d’un an en faisant l’acquisition de CTV.
« Cette position escamote les comportements anticoncurrentiels de Bell qui ne s’est jamais gênée au cours de son histoire, et de manière plus évidente depuis l’acquisition de CTV, pour tirer avantage des imprécisions, des délais et des coûts qu’impliquent les prodécures réglementaires tout en profitant de sa position dominante », a expliqué M. Audet.
« Ce n’est pas une coïncidence si tous les distributeurs indépendants […] ont vécu la même expérience aussi frustrante que coûteuse » pour renégocier des contrats avec Bell depuis un an ou s’ils ont « frappé un mur de brique » pour la distribution de contenus pour les plateformes sur demande ou par Internet, insiste le dirigeant de Cogeco.
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