Rogers regrette l’acquisition de CTV par Bell l’an dernier et s’en sert d’exemple pour s’opposer à l’acquisition d’Astral par Bell, a affirmé Rogers devant le CRTC mercredi.
« Si nous avions su l’an dernier comment Bell se comporterait après l’acquisition de CTV, nous nous serions opposés à cette transaction et nous aurions demandé d’autres mécanismes de contrôles en matière d’intégration verticale », a lancé Ken Engelhart, vice-président principal, affaires réglementaires de Rogers.
L’entreprise soutient que le climat a changé depuis. Bell utilise ses actifs télévisuels pour faire des pressions indues dans ses négociations entourant la distribution des contenus de Bell sur les plateformes de Rogers, ont insisté les dirigeants du câblodistributeur ontarien.
Rogers en vient à demander que la transaction soit rejetée à moins que le CRTC n’exige que Bell cède ensuite tous ses actifs télévisuels anglophones.
Sinon, Rogers propose que Bell soit forcé de rendre disponible ses contenus avant même que des négociations soient menées, quitte à ce que les tarifs soient payés rétroactivement après des discussions ou un arbitrage.
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« Bell est devenue trop grosse et puissante, elle a perdu tout intérêt de faire des compromis », a ajouté M. Engelhart. « Déjà, le mal est apparent dans toues nos relations avec Bell ».
Rogers a beaucoup cité le cas de la télévision sur demande ou mobile, où les négociations ont été longues et ardues. Présentement, Bell est absente de toutes ces plateformes chez Rogers, qui s’inquiète particulièrement puisqu’Astral est son plus grand fournisseur de contenus dans ce domaine.
« Cela contraste avec Astral, qui est un partenaire enthousiaste », a précisé M. Engelhart.
Dans le cas de la télévision mobile, Rogers croit que Bell a utilisé un stratagème pour retarder Rogers en augmentant ses tarifs à un niveau déraisonnable pendant 18 mois. La manœuvre aurait permis à Bell de conserver pour soi-même ses contenus les plus intéressants pendant 18 mois, lui laissant ainsi le temps de s'installer dans le marché en utilisant l'exclusivité de ces contenus. Rogers se retrouvait ainsi à « récupérer les miettes » auprès des consommateurs, près d'un an et demi plus tard.
Dans le cas des actifs québécois ou francophones d’Astral, Rogers n’y voit pas une question d’intérêt public, reconnaissant que cela brasserait un peu les choses dans le marché de la province.
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