Comme 2011, 2010 ou 2009 avant elle, et probablement comme 2013 après elle, 2012 a été « l'année des médias sociaux ». Cette petite rétrospective cible 10 événements significatifs, présentés sans ordre précis, qui ont bouleversé les médias sociaux au Québec en cours d'année. Y a-t-il des oublis? Fort probablement. Nous serions heureux de les connaître.
• Qui contrôle la page Facebook ?
Avoir une présence sur les réseaux sociaux, c’est important. Mais savoir qui contrôle cette présence, ce l’est encore plus.
C’est la leçon qu’auront probablement retenue les gestionnaires de Cineplex, et plus particulièrement ceux du cinéma Colossus de Laval, après la tempête qu’ils ont traversée en septembre dernier.
La controverse est née quand une cliente qui s’était plainte, en français, sur la page Facebook de l’établissement s’est vu répondre en anglais : « Si vous n’êtes pas contente, allez chez Guzzo :) ». Cette réponse était soumise au nom des gestionnaires de la page.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher une avalanche de commentaires outrés, qui ont forcé l’entreprise à réagir et à « enquêter » pour identifier l’auteur de l’infâme réponse.
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• Perdre son emploi via Facebook
Le 4 septembre dernier, soir d’élections provinciales, Blake Marsh s’est branché sur Facebook, a réagi à l’attentat dont venait d’être victime Pauline Marois, puis est probablement allé se coucher.
Le lendemain matin, à son arrivée au bureau, il perdait son emploi de testeur de jeux vidéo chez Eidos Montréal.
Marsh, un anglophone, avait écrit à propos de l’affaire que « les bons assassins sont difficiles à trouver ces jours-ci » et qu’il ne « donnait pas un mois à cette pute avant que quelqu’un avec plus de précision fasse ce qui doit être fait ».
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• Oasis dans le jus
Début avril, un tribunal donne raison à Lassonde, qui n’a plus à rembourser les frais de justice encourus par la fabricante des savons Olivia’s Oasis, qu’elle avait poursuivie sans succès pour l’empêcher d’utiliser le mot « Oasis » dans sa marque de commerce. Lassonde produit les jus Oasis.
La décision suscite une tempête de réactions négatives sur les médias sociaux. Lassonde y oppose son mutisme pendant plusieurs jours, avant de finalement faire son mea-culpa, accepter de rembourser la partie adverse et publier son point de vue.
L’histoire est devenue un cas type pour les « experts » en médias sociaux.
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• Des minutes de gloire
Les médias sociaux peuvent être remarquablement efficaces pour une chose : créer des vedettes instantanées.
On en a eu quelques exemples québécois en cours d’année. Le plus récent, et probablement le plus grand, de ces succès a été celui des quatre étudiants du Centre NAD qui ont produit une vidéo truquée montrant un aigle qui tente de saisir un bambin, dans un parc de Montréal.
Publiée le 18 décembre, en soirée, cette vidéo avait été vue plus de 25 millions de fois moins de trois jours plus tard. En fait, il avait suffi d’une nuit pour que la vidéo fasse le tour de la planète.
Laurence Pagé, une étudiante en communications, a aussi connu un immense succès sur YouTube en chantant sa version de la pièce « Whistle », de Flo Rida. Plus de 18 000 000 de personnes l’ont écoutée.
Finalement, sur une échelle plus locale, une vidéo promotionnelle anodine tournée dans un bar a créé une commotion en raison du caractère plutôt particulier du client interrogé. Certaines de ses répliques, dont l’incontournable « Tequila, Heineken… Pas l’temps de niaiser », se sont rapidement intégrées à la culture populaire.
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• La crise étudiante
Que ce soit par l’utilisation originale et exemplaire qu’a fait le SPVM de Twitter pendant cette période, leur emploi à des fins de logistique et de visibilité par les organisations étudiantes, la dénonciation de certains actes (dont ceux du désormais célèbre « Matricule 728 ») qu’ils ont permis, les échanges qu’ils ont suscités entre au moins un leader du monde des affaires (Gilbert Rozon) et des « carrés rouges » ou encore l’éclosion d’un média alternatif, CUTV de l’Université Concordia, les médias sociaux ont tenu un rôle principal lors du « printemps érable ».
Ils n’y ont toutefois pas montré que leur beau jour. L’agressivité du ton d’une large portion des utilisateurs lorsqu’il était question de ce dossier a miné les échanges. Échanges qui, bien souvent, n’ont d’ailleurs eu lieu qu’entre convaincus, les deux clans préférant trop souvent limiter leurs contacts aux seuls gens alignés dans la même direction qu’eux.
Du bon et du moins bon, donc.
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• Une nouvelle plateforme politique
Pour la première fois au Québec, le chef d’un parti politique provincial majeur, François Legault de la CAQ, est actif sur Twitter.
D’autres chefs ou responsables de partis, surtout Jean-Martin Aussant (Option Nationale), Amir Khadir et Françoise David (Québec Solidaire) utilisent aussi cette plateforme de façon régulière.
Option Nationale a d’ailleurs connu un certain succès sur les médias sociaux lors de la campagne électorale, entre autres grâce à une vidéo réalisée par l’une de ses candidates.
Les résultats de l’élection ont toutefois clairement démontré qu’un succès sur les réseaux sociaux n’était pas nécessairement synonyme de succès dans l’urne, puisqu’aucun député d’Option Nationale, pas même son chef, n’a réussi à décrocher un siège.
Autre première liée à la politique sur les médias sociaux en 2012 : le Québec a maintenant un ministre blogueur, Jean-François Lisée.
Les médias sociaux ont aussi tenu quelques rôles secondaires dans l’année politique, notamment dans une publicité du Parti Libéral montée à l’aide d’images diffusées sur YouTube par un citoyen et montrant Pauline Marois en train de jouer de la casserole.
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• Attention, scène choquante
Un chauffeur de taxi, une bande de jeunes hommes récalcitrants et, au terme d’une échauffourée, un jeune homme qui passe sous les roues du taxi.
La scène, captée sous deux angles différents par des citoyens équipés de téléphones cellulaires, a fait le tour du Québec et a finalement mené à des accusations criminelles. Sur papier, la cause est facile à entendre.
Mais après avoir pu visionner les images, de nombreux citoyens ont semblé sympathiser avec la cause du chauffeur et un débat a été lancé.
Attention, les images peuvent être choquantes
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• Des Olympiques sociaux
Il ne s’est pas fait d’événement plus grand que les Jeux olympiques de Londres, en 2012. Ceux-ci devaient être LES Jeux de Twitter et des autres médias sociaux.
Les règles très strictes imposées aux athlètes et autres participants par le comité olympique ont finalement grandement réduit les possibilités d’exploitation de ces plateformes. Mais quelques cas, pas toujours reluisants, ont néanmoins pu remonter à la surface.
Le plus important est probablement celui de la spécialiste grecque du triple saut Voula Papachristou, expulsée de l’équipe de son pays quelques jours avant l’ouverture des Jeux à cause de tweets jugés xénophobes.
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• Une maison de verre
Peu de vidéos se sont propagés aussi rapidement à l’échelle mondiale que Kony 2012, un documentaire d’une trentaine de minutes diffusé en mars.
Ce documentaire dressait le portrait du criminel de guerre ougandais fugitif Joseph Kony, dans l’espoir qu’il puisse être arrêté. Plus de 95 000 000 de personnes ont regardé l’œuvre de l’organisme Invisible Children.
L’ennui, c’est que la popularité du documentaire s’est rapidement estompée quand des spécialistes ont commencé à dénoncer son manque de rigueur et la vision simpliste d’un enjeu complexe qu’elle présentait.
L’organisme aura toutefois atteint son but. Pur inconnu au début 2012, Joseph Kony est maintenant tristement célèbre à l’échelle planétaire.
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• Une campagne originale pour La Ronde
Comment s’assurer que des personnalités québécoises très suivies propagent gratuitement de l’information à notre sujet à leurs centaines de milliers d’amateurs ? En s’adressant à eux directement.
C’est la recette qu’a suivie La Ronde pour faire parler de sa fête d’Halloween. L’entreprise a créé huit vidéos personnalisées adressées à Dominic Arpin, Gino Chouinard, Véronique Cloutier, Mitsou Gélinax, Paul Houde, Guy A. Lepage, Mélanie Maynard et Alex Perron.
Ces vedettes se sont pour la plupart empressées d’en discuter à la fois dans les médias sociaux et sur leurs autres tribunes, donnant à la campagne une excellente visibilité.