Tandis qu'elle étudie encore la possibilité de s'installer au Massif de Charlevoix, Club Med, la société française du voyage tout inclus, s'est associée à une entreprise québécoise, Sand and Ocean Investments, pour rehausser et améliorer les infrastructures de son village Colombus Isle, dans l'île San Salvador, aux Bahamas.
Dirigée par Jean-Marc Daigle, un promoteur à qui on doit plusieurs projets résidentiels et commerciaux dans la région de Montréal, Sand and Ocean Investments a le mandat de développer le terrain adjacent à Club Med. Ce projet, évalué à 90 millions de dollars, prévoit la construction de 360 copropriétés d'ici cinq ans. Une première phase d'une soixantaine de condos, vendus à partir de 385 000 $, sera livrée à l'été 2015.
Columbus Isle deviendra le troisième village, après la Plantation d'Albion, à l'île Maurice, et le village de montagne de Valmorel, en France, auquel Club Med greffera un complexe immobilier appartenant à des propriétaires privés. «Mais c'est la première fois que Club Med fait affaire avec un promoteur externe. Habituellement, cette société française veille en solo à son développement», signale M. Daigle.
Club Med a vendu en octobre 2013 le terrain de 18 acres à Sand and Ocean Investments. Une transaction de plusieurs millions de dollars, dont le montant demeure confidentiel. On sait toutefois que l'argent de la transaction sert à rénover les 236 chambres et les installations actuelles de Club Med Columbus Isle. Le village était d'ailleurs fermé jusqu'en novembre.
«Ce partenariat entre Club Med et Sand and Ocean permet, en effet, d'augmenter la capacité du village de Columbus Isle avec de nouveaux condos modernes, sans que Club Med ait à immobiliser un capital important», indique Xavier Mufraggi, président de Club Med Amérique du Nord, que nous avons joint en Floride.
Une formule qui pourrait être reprise
La société Club Med veut d'ailleurs faire du cas Bahamas un projet-pilote. «Nous sommes à évaluer ce processus de financement pour nous aider à rénover les villages. Si l'expérience donne de bons résultats, la formule pourrait être utilisée dans quelques dizaines d'autres villages», soutient Xavier Mufraggi. «On s'installe dans une toute petite île d'à peine 1 000 habitants. Tout était donc conditionnel au soutien du gouvernement des Bahamas qui devait améliorer les infrastructures aéroportuaires», précise M. Daigle. Le gouvernement bahamien devait également assurer un service médical sur place 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
D'autres partenaires québécois sont concernés. Pour réduire les coûts liés à la consommation d'énergie sur une île des Caraïbes, Sand and Ocean Investments a fait appel aux services et à l'expertise du Groupe SM International, de Montréal. «Grâce à ses systèmes solaires et éventuellement à la géothermie, le coût moyen du kilowattheure pourra être réduit d'au moins 25 %», soutient M. Daigle.
La réalisation des plans d'architecture a été confiée à la firme IDEA, à Aventura, en Floride. Une entreprise québécoise, dirigée par l'architecte Stéphane L'Écuyer.
Le promoteur travaille aussi en collaboration avec TMS Système, une entreprise de Bellechasse qui sera responsable de la fabrication d'éléments structurels, notamment des murs en acier léger. Parce que le projet emploiera de la main-d'oeuvre locale, TMS Système doit accueillir sous peu six Bahamiens pour effectuer un transfert de connaissances.
S'ils le désirent, les propriétaires de copropriétés pourront profiter de leur pied-à-terre Club Med aux Bahamas quand bon leur semble, dit M. Daigle. Les condos, qui peuvent accueillir deux adultes et deux enfants, ne sont toutefois pas équipés de cuisinette. Les proprios ont donc tout intérêt à se joindre à l'entente locative de Club Med qui leur permet d'utiliser les services du village pour une cinquantaine de dollars par jour et par personne. D'ailleurs, grâce à une entente intervenue entre le Canada et les Bahamas, dit M. Daigle, les investisseurs paieront l'impôt sur les profits réalisés aux Bahamas seulement.
À ce jour, Jean-Marc Daigle admet avoir investi un montant supplémentaire qui frôle 40 % de l'équivalent du prix d'achat du terrain juste en frais judiciaires et en documents légaux. «Un tel projet n'offre aucune garantie. J'assume tous les risques. Mais c'est ça, le job d'un promoteur. Je fais ça depuis 30 ans.»