Si le Parti Québécois remporte les prochaines élections, le gouvernement Marois compte réformer la gestion des vastes friches toxiques que compte la province.
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«J'ai en main un projet détaillé de politique de gestion des sols contaminés élaboré au ministère, et prêt à être déposé au Conseil des ministres dès que les circonstances le permettront», assure le ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs dans un courriel transmis à Les Affaires.
Un mois après la publication de notre dossier sur les terrains contaminés au Québec, Yves-François Blanchet ne nous a toujours pas accordé d’entrevue pour faire le point sur la question. Son attachée de presse a toutefois transmis un courriel de trois paragraphes à Les Affaires. Il assure avoir préparé une telle politique de gestion des sols contaminés. Il a ensuite décliné notre demande pour obtenir plus de détails.
«Il est d'usage qu'un ministre du gouvernement, lors de la dissolution de la Chambre, s’impose une réserve dans ses interventions, écrit-il dans un deuxième courriel qu'a transmis son attachée de presse. Ce serait présumer des choix des électeurs ou du chef du gouvernement quant à la formation d’un prochain conseil des ministres. Je m’abstiendrai donc de toute discussion allant engager politiquement le prochain gouvernement, surtout sur un enjeu de cette importance.»
Yves-François Blanchet dit cependant être conscient des problèmes soulevés dans l'equête de Les Affaires sur les terrains contaminés. «De façon générale, le dossier que vous avez étoffé fait état des mêmes constats que ceux du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs», assure-t-il. Bien que des programmes existent pour réduire l'impact de la contamination et accompagner les municipalités qui s'engagent dans des projets impliquant une décontamination des sites industriels affectés, le défi demeure de taille.»
Le ministre écrit que les quelque 5600 terrains contaminés que compte le Québec représentent «l'héritage de 160 ans d'industrialisation». Il précise que le problème «n’a rien de partisan», mais ajoute que «peu de gestes ont été posés par le gouvernement libéral, et nous avons pour notre part finalisé une politique de gestion des sols contaminés».
Une députée préoccupée
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Une députée préoccupée
Le ministre Blanchet a décliné nos nombreuses demandes pour une entrevue dans le cadre de notre enquête sur les terrains contaminés au Québec. Mais la députée péquiste d’Iberville, en Montérégie, a de son côté émis un communiqué pour faire part de ses inquiétudes quant à la présence de nombreuses friches toxiques dans sa circonscription, selon la carte des terrains contaminés de Les Affaires.
«Votre dossier a réveillé bien du monde», dit Marie Bouillé. «En campagne, nous ne sommes pas dans un milieu très industriel ; on ne s’attend pas à ce qu’il y ait autant de points rouges» sur la carte, ajoute la députée. Elle se dit particulièrement préoccupée par la présence d’écoles parmi les lieux identifiés.
«J’ai abordé la question avec le ministre en entrant au Salon bleu [de l’Assemblée nationale]», assure-t-elle.
De son côté, le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ) a consacré une partie de son «Projet Saint-Laurent» à la question du nettoyage et de la revalorisation des terrains contaminés. En entrevue avec Les Affaires en janvier, François Legault réitérait que l’approche actuelle du MDDEFP n'est pas adaptée à la situation.
Le programme actuel de nettoyage des friches industrielles, ClimatSol, priorise les décontaminations offrant le meilleur potentiel de réduction des gaz à effet de serre.
«Ce n'est pas ça la priorité», croit le chef de la CAQ. Il propose plutôt de cibler les lots offrant le meilleur potentiel. Ça permettrait de faire d’une pierre, deux coups: trouver de grands terrains pour les entreprises qui désirent s’installer au cœur des villes industrielles, tout en permettant la décontamination des sites.
Quitte à demander aux trois paliers de gouvernement de financer l'opération. «Il arrive que des investissements doivent être faits en partie par le public.», dit François Legault. À défaut de le faire, les propriétaires des friches industrielles laisseront leurs terrains à l'abandon, comme le font les pétrolières dans l'est de Montréal, ajoute-t-il. «On serait peut-être gagnants de payer une partie de la décontamination, à condition qu'elles nous les cèdent !»
Au Parti libéral du Québec et au cabinet du chef de l’opposition Philippe Couillard, nos demandes d’entrevue sur la question sont restées sans réponse.