Georges Marciano a épuisé tous ses recours pour éviter la faillite au Canada. La Cour suprême a refusé le 25 avril d’entendre sa cause en appel, et la saisie de ses actifs au pays est confirmée. Mais le magnat du jean délavé n’a pas dit son dernier mot. Il s’est assuré de mettre des bâtons dans les roues du syndic en transférant ses actifs dans sa fiducie familiale.
La décision fut rapide. En novembre, LesAffaires.com rapportait que Georges Marciano avait l'intention de contester la mise sous séquestre de ses biens devant la Cour suprême. Cinq mois plus tard, les juges du plus haut tribunal au pays ont déjà pris leur décision: pas question.
«Le délai moyen, c'est plutôt six mois», dit Bernard Boucher, l’avocat des créanciers américains de Georges Marciano, d’anciens employés à qui les tribunaux l’a condamné à payer 86 M $ pour «graves souffrances morales». «Je ne sais pas pourquoi ça a été aussi rapide. Il faut croire qu'il n'y avait vraiment pas matière à faire appel.»
La Cour suprême n'a pas expliqué sa décison.
Immeubles saisis
Immeubles saisis
Le syndic PricewaterhouseCoopers a publié le 18 avril un avis de pré-inscription des droits hypothécaires à l’encontre des 17 immeubles historiques de Georges Marciano et de sa fiducie dans le Vieux-Montréal pour empêcher toute transaction. Les édifices patrimoniaux, d’une valeur d’environ 80 M $, comptent notamment le 507, Place d’Armes - un gratte-ciel art déco construit en 1931 où se trouve le siège social de Léger Marketing - et le luxueux LHotel, rue Saint-Jacques.
«La prochaine étape, c’est de demander l’autorisation de les vendre», dit Bernard Boucher.
C’est que le millionnaire d’origine française a vendu tous ses immeubles à sa fiducie CKSM dès 2009, compliquant ainsi les procédures de saisie. En novembre, une filiale à numéros de cette entité a même revendu trois copropriétés de la Place Jacques-Cartier à un hôtelier pour 1,4 M $, malgré sa faillite américaine, rapportait LesAffaires.com. Les créanciers américains ont obtenu l’autorisation de saisir les immeubles le 15 avril pour prévenir toute autre transaction de ce genre.
«En février dernier, Georges Marciano nous a confirmé qu’il avait aussi transféré ses biens meubles dans sa fiducie», ajoute Bernard Boucher, du cabinet Blakes. Les créanciers américains de Georges Marciano devront donc faire «lever le voile corporatif» sur ces actifs pour pouvoir les revendre.
À son déménagement à Montréal, Georges Marciano a apporté avec lui toutes ses collections d’objets de grande valeur : 36 M $ en œuvres d’art, un diamant payé 16 M $ et encore quelques millions en montres et en voitures de luxe.
Aux Etats-Unis, la cour a déjà saisi plusieurs immeubles de Georges Marciano, dont sa maison de 23 M $ US à Beverly Hills.
Il a été impossible de joindre le principal intéressé : sa boîte vocale est pleine depuis des mois.
Ses avocats de Stikeman Elliott, Pierre-Paul Daunais et Jean Fontaine, sont à l'étranger et n'ont pas pu rappeler LesAffaires.com avant la mise en ligne de l'article.
Georges Bensmihen, un ancien courtier immobilier qui a déniché les immeubles de Georges Marciano et qui agit aujourd'hui comme administrateur du bien d'autrui pour sa fiducie et ses filiales, ne nous a pas rappelé.