CANNES - Le maire de Londres déborde d’enthousiasme pour sa ville. «Les grues, immobilisées en 2008, recommencent à bouger», s’est réjoui Boris Johnson dans son allocution au MIPIM à Cannes, en France. Il avait aussi une annonce pour le plus important congrès d’immobilier au monde : un nouveau projet de vaste village flottant sur la Tamise.
«Ce sera la réponse londonienne à Venise», a-t-il lancé dans l’une des innombrables boutades ponctuant sa performance courue au MIPIM, qui se tient du 12 au 14 mars.
Le plan est de construire un village flottant sur 15 acres (650 000 pieds carrés) de la Tamise, à côté des Royal Victoria Docks, à l’est de Canary Wharf, le quartier financier. La municipalité y fera construire des maisons, des hôtels, des restaurants et des bars. «En tout respect, Paris n’a pas l’équivalent», blague Boris Johnson.
Les joueurs internationaux devront s’associer à des entreprises locales pour pouvoir participer au processus d’appel d’offres, qui commencera cet été.
Le projet fait partie d’un vaste plan visant à combler le manque de logements à Londres, tout en réhabilitant des quartiers négligés. Un travail bien entamé avec les Jeux olympiques de 2012. Londres a alors décontaminé plus de 200 hectares (deux kilomètres carrés) dans l’est de la ville pour construire des stades et des équipements sportifs. De grandes parties de ces quartiers sont aujourd’hui transformées en résidences et en parc, rapportent les médias anglais.
Nouvelle effervescence
Nouvelle effervescence
«Tout le monde veut être à Londres. Les Chinois, les Coréens… tout le monde», dit le maire coloré de la plus grande ville du Royaume-Uni, interrogé par LesAffaires.com en marge de son allocution.
C’est aussi le cas de la Caisse de dépôt et placement du Québec, dont la capitale britannique est une priorité d’investissement. Sa filiale immobilière Ivanhoé Cambridge est à la recherche d’immeubles et de projets de bureaux et multirésidentiels à Londres. «Pour 2013, on regarde beaucoup de choses de ce côté-là, assure Méka Brunel, présidente pour l’Europe. En janvier, la Caisse a déjà mis la main sur le prestigieux Woolgate Exchange pour 265 millions de livres sterling (407 millions de dollars canadiens) avec son partenaire TPG Real Estate.
Boris Johnson souligne que sa ville a accueilli pas moins de 600 000 nouveaux habitants depuis le début de son mandat. La population du Grand Londres atteint maintenant 8,6 millions d’habitants.
Dans un de ses nombreux pied-de-nez à l’Hexagone, il s’est d’ailleurs dit heureux d’accueillir de plus en plus de riches Français fuyant le régime fiscal du nouveau président François Hollande, «le plus grand exode depuis la Terreur de 1789». En janvier, le Daily Mail de Londres rapportait même que l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy et sa femme Carla se préparent eux aussi à s’exiler dans la capitale britannique pour éviter la taxe de 75 % sur les grandes fortunes.
Tournant le fer dans la plaie, il a qualifié d’urgents les investissements dans un nouvel aéroport pour soulager les installations saturées d’Heathrow, «pour ne pas que Carla ait à faire des cercles pendant une heure au-dessus de la ville, comme trop de gens le font».
«Arrêtez de frapper sur les banques»
«Arrêtez de frapper sur les banques»
Autre pavé dans la mare : Boris Johnson veut qu’on laisse les banques de sa ville tranquilles. Loin de critiquer les institutions financières qui ont provoqué la dernière crise économique mondiale, le maire, proche du Parti conservateur au pouvoir au Royaume-Uni, invite plutôt les autorités britanniques et européennes à cesser de leur nuire. «Nous devons arrêter de cogner sur les industries dans lesquelles nous sommes forts.»
Questionné par un journaliste qui voulait savoir si Boris Johnson comptait profiter de sa grande popularité pour tenter sa chance à la tête du Parti conservateur, il a répondu par une autre boutade : «Qui sait ce qui peut se passer après mon mandat, en 2016… Rien n’est impossible», a-t-il dit. «Chose certaine, je ne peux pas devenir pape, je ne suis même pas catholique !»