Les 175 000 travailleurs de la construction opteront pour la grève générale illimitée le 17 juin si aucune entente n’est intervenue avec la partie patronale, a annoncé l’Alliance syndicale de la construction jeudi matin.
Le porte-parole de l’Alliance, Donald Fortin, affirme que tous les syndicats de la construction ont obtenu, au cours des dernières semaines, des mandats de grève avec de fortes majorités. M. Fortin déplore l’attitude de la négociatrice patronale de l’Association de la construction du Québec (ACQ), Lyne Marcoux.
«Elle a quitté la table de négociation à la mi-mai pour aller en tournée d’information partout au Québec et obtenir un mandat de lock-out. Mme Marcoux a également profité de l’occasion pour dénigrer nos demandes», déclare-t-il. L'ACQ complétera d'ailleurs cette tournée provinciale lundi prochain à Saguenay.
Le refus de négocier s’explique peut-être par l’absence de rétroactivité dans l’industrie de la construction. L’ACQ a intérêt à prolonger les pourparlers, allègue M. Fortin. « Sans une nouvelle convention collective, chaque semaine représente plus de 53 $ perdus dans les poches des travailleurs de la construction », a-t-il dénoncé par voie de communiqué.
Foutaise, réplique l’ACQ. « Nous estimons plutôt que l’Alliance syndicale s’est tardivement mise à la table. Incapables de s’entendre, les cinq syndicats ont dû recourir à un arbitre pour déterminer leurs rôles respectifs. Ils ont convoqué les représentants d’employeurs seulement le 5 mars alors que l’ACQ avait signifié sa disponibilité à la ministre du Travail depuis le 26 septembre dernier », explique la négociatrice en chef de l’ACQ, Lyne Marcoux.
Par voie de communiqué, l'ACQ s'interroge sur la stratégie syndicale. « Au lieu de négocier, les leaders syndicaux mettent en branle un processus inefficace qui s'avérera coûteux pour les entrepreneurs, les travailleurs et nos partenaires économiques », affirme Mme Marcoux.
Des positions aux antipodes
Des positions aux antipodes
Le porte-parole de l’Alliance syndicale dénonce la demande patronale visant à accroître la mobilité de la main-d’œuvre.
«Quatre-vingt-cinq pour cent des employeurs membres de l’ACQ comptent cinq employés et moins. Or, les employeurs veulent maintenant déplacer huit employés permanents sur les 10 premiers requis pour effectuer un contrat à l’extérieur de sa région. Par exemple, pendant qu’une entreprise de Trois-Rivières sera à la Malbaie pour refaire une toiture, des ouvriers locaux seront en chômage. C’est une demande inacceptable pour les travailleurs en région.»
Dans un document faisant le point sur la négociation et dont LesAffaires.com a obtenu copie, l’ACQ plaide que l’amélioration de la mobilité de la main-d’œuvre assurera un meilleur service aux clients grâce « à une équipe qui possède la culture et l’organisation du travail de l’entreprise ». Actuellement, les entreprises peuvent déplacer sur un chantier hors-région trois employés permanents sur les six premiers requis. Interrogé sous le couvert de l’anonymat, un ouvrier de la construction affirme que la demande de l’ACQ «ne pénalisera pas les ouvriers de la grande région de Montréal, mais possiblement ceux en région».
La demande patronale de faire passer le paiement des heures supplémentaires de taux double à taux et demi, pénalisera le travailleur moyen d’une somme annuelle de 1 900 $, estime M. Fortin. En contrepartie, le porte-parole estime que les demandes syndicales équivalent à 1,40 $ par heure, par travailleur, par année, pour environ 1 400 $ dans le cas d’un ouvrier qui cumule 1 000 heures.
Le mandat de médiation est terminé et la suite des négociations est embrouillée. «On devait se rencontrer hier, mais quand l’ACQ a su que nous sortions en conférence de presse, elle a annulé la séance. Pour le moment, on doit se rencontrer aujourd’hui.»
Le porte-parole de l’Alliance syndicale balaie du revers de la main les critiques de l’ACQ à propos du nombre trop important de demandes syndicales. L’ACQ affirme que le premier document syndical présenté le 20 mars comportait 90 demandes et qu’il en reste encore 70 sur la table. «Nous avons déposé un projet de convention collective épuré le 8 mai afin de relancer la négociation. Nous attendons toujours la réponse de l’ACQ.»