Georges Marciano abdique. Le fondateur de Guess Jeans accepte finalement de payer tout ce qu'il doit à d’anciens employés qui l’ont mis en faillite forcée aux États-Unis, mais demande un délai d’un an pour le faire. Il offre une partie de ses immeubles du Vieux-Montréal en garantie.
Les créanciers américains n’ont cependant toujours pas accepté l’offre.
Dans une lettre du 18 mars déposée en cour, l’ancien magnat du jean délavé offre de liquider une partie importante de ses possessions montréalaises : son diamant «Chloé» qu’il évalue à 26 M$ US, de l’argent liquide - dont 1,2 M$ US dans un compte en Suisse -, et surtout, 39 M$ US issus de la vente de certains de ses édifices historiques montréalais.
La bataille d’avocats continue
Les créanciers n’ont toutefois pas accepté l’offre de Georges Marciano. Ils ont négocié verbalement une suspension des procédures de 30 jours, le temps d’examiner les garanties qu’offrent l’homme d’affaires.
Ils veulent notamment faire évaluer les immeubles montréalais et tenter de vendre le diamant. Début avril, ils ont mis l’entente de suspension par écrit, mais Georges Marciano a tardé à la signer, notamment à cause de «problèmes de santé», selon un courriel d’un de ses avocats déposé dans le dossier de cour.
Le 15 avril, avant que l’homme d’affaires n’accepte officiellement de suspendre les procédures, la Cour supérieure gelait toute transaction sur ses immeubles et permettait leur saisie.
En fin de journée, un avocat américain de l’homme d’affaires envoyait aux créanciers un courriel où il annonçait que Georges Marciano accepte finalement de signer l’entente de moratoire de 30 jours.
Trop tard, a alors répondu Bernard Boucher, l’avocat montréalais des créanciers. «À ce stade-ci, […] aucune entente n’existe entre nos clients respectifs.»
Le jugement permettant la saisie des immeubles avait changé la donne.
Aujourd’hui, les représentants de Georges Marciano et des entreprises qu’il contrôle tentent de forcer les créanciers à accepter la suspension des procédures, dans une requête déposée le 19 avril.
Une saga judiciaire, un déménagement…
Une saga judiciaire, un déménagement…
Georges Marciano a accumulé pour environ 80 M$ d’immeubles dans la métropole, en 2008 et 2009. Son plus important est le 507, Place d’Armes, acquis en 2008 pour 22 M$. Léger Marketing y a son siège social.
En même temps, il déménageait de Beverly Hills à Montréal ses luxueuses collections de bijoux, d’œuvres d’art et de voitures. Pour échapper à ses créanciers, selon leurs avocats américains.
D’anciens employés de Georges Marciano ont obtenu un jugement de 86 M$ contre l’homme d’affaires, pour diffamation et souffrances morales. Selon un jugement californien, il les a accusés à tort d’avoir volé des papiers d'identité et l'équivalent de plus de 400 M$ US, y compris des tableaux.
Les anciens employés ont répliqué par une contre-poursuite, et gagné. Selon le jugement, Georges Marciano les a non seulement accusés à tort, mais a également mené une campagne d'intimidation et de dénigrement à leur endroit.
Comme le fondateur de Guess Jeans refusait de payer, ses anciens employés ont fait déclaré sa faillite involontaire aux États-Unis. Ils ont aussi fait nommer un séquestre pour administrer ses biens au Québec.
En septembre 2011, la Cour supérieure a désigné PWC pour remplir cette tâche. La firme a alors saisi les biens de l’homme d’affaires, mais un juge a invalidé l’opération deux mois plus tard.
Le 23 octobre dernier, la Cour d’appel a réordonné la saisie. PWC conserve donc les luxueuses collections de Georges Marciano, dont un diamant de 16 à 26 M$ US, 700 peintures et 375 montres, 10 Ferrari et deux Rolls-Royce. Mais le magistrat a jugé inutile de faire saisir ses immeubles : la reconnaissance de la faillite américaine suffisait, selon lui.
Pas pour Georges Marciano. Le 16 novembre dernier, LesAffaires.com rapportait qu’il était parvenu à vendre trois condos de la Place Jacques-Cartier, malgré la mise sous séquestre de ses biens. Il a aussi fait disparaître certains objets qu’il avait pu récupérer, selon le jugement du 15 avril. La magistrate mentionne ces agissements pour justifier sa décision d’ordonner la saisie des immeubles et un contrôle strict des comptes de banque de l’homme d’affaires. «[…] pendant qu’aucune ordonnance n’était effective, certains actifs ont été “perdus”, des propriétés immobilières ont été vendues, etc.», écrit-elle.
En plus de contester sa faillite aux États-Unis, l’homme d’affaires a tenté l’automne dernier de faire appel de sa reconnaissance au Canada devant la Cour suprême. Sans succès : le 25 avril, le plus haut tribunal du pays a refusé de l’entendre, comme le rapportait LesAffaires.com.
Il n’a pas été possible de discuter à Georges Marciano ou ses représentants avant la publication de l’article.